Une femme sous influence par PiotrAakoun
S'attaquer au délicat sujet de la maniaco-dépression (actuellement nommée bipolarité) relève de la gageure ... l'on peut vitre sombrer dans le pathos, la caricature ou le ridicule ... mais on a ici affaire à un trio de choc (John Cassavetes à la réalisation, et le couple Peter Falk, Gena Rowlands) qui relève le défi de manière magistrale ... on est soufflé par la prestation de Gena Rowlands qui dénoue ses tripes pour étendre devant tous sa palette d'émotions aucunement surjoué, tellement tout semble juste ... Peter Falk ne nous laisse pas en reste et donne la réplique avec son flegme habituel, mais pas seulement, il ajoute le désarroi et la colère à son registre pour interpréter ici ce qui est sûrement un de ses plus beaux rôles ... et que dire de John Cassavetes, il sait nous transmettre toute la chaleur de l'amour, de l'amitié, les tensions de communication en quelques plans nets et précis, ... tout pourrait déborder, basculer à tout moment et pourtant les limites atteintes ne seront jamais dépassées, tout étant retenu à sa tension extrême ... restons humains, semble-t'il sans cesse nous rappeler ...
Ce qui m'a le plus fasciné sur le plan technique sont les ambiances qu'il a réussi à créer, que ce soit en rue la nuit, dans l'intérieur d'un bistrot, dans la chambre ou le salon, chaque moment a son atmosphère, son âme, son aura ... le découpage/montage est lui aussi d'une redoutable efficacité, on n'a pas le temps de s'ennuyer, tout est mis au service de l'émotion juste, certaines séquences sont parfois très courtes : une suite d'images et d'autres de longs plans-séquences nous amenant exactement où il veut qu'on se trouve ...
Un de mes films préférés pour son aspect humain ...