J’ai regardé ce court-métrage en ne sachant aucunement qu’il avait été réalisé par Guillaume Desjardins, membre du collectif Les parasites, que je suis depuis des années. Ils sont notamment à l’origine d’une série terrifiante et très puissante sur la vision du futur des collapsologues, L’effondrement. Multi-casquette, il est également acteur et producteur.
C’est un film intéressant sur la cruauté chez l’être humain. La mère (Hélène Babu) est totalement opposée au fait que sa fille (Julie Cléry, également scénariste du court-métrage) avorte, alors qu’elle a avorté elle-même auparavant. Elle ira jusqu’à forcer sa fille à quitter leur domicile. Cette attitude est d’autant plus troublante qu’on la voit en pleurs au moment où elle refuse d’ouvrir à sa fille qui l’appelle et lui demande d’ouvrir la porte lors de l’avant-dernière scène du film. Pourquoi autant faire souffrir sa fille, en lui reprochant un acte qu’elle a elle-même commis, et que le rejet de sa famille lui fait du mal? D’aucuns diront que c’est la complexité de la nature humaine, je pense surtout qu’on a ici l’exemple d’une femme qui a tellement intériorisé le système patriarcal qu’elle ne supporte pas, consciemment ou inconsciemment, que sa fille dispose de son corps comme bon lui semble. La lâcheté du père (Thibault de Montalembert) qui n’aide pas sa fille, alors qu’elle se retrouve à la rue, est difficilement compréhensible. Il semble terrorisé par sa femme, au point de ne pouvoir jamais s’opposer à elle.
Néanmoins, comme c’est indiqué dans le making-of, il n’y a pas de réel parti pris esthétique.