Une oeuvre tour à tour crue et pudique, qui nous entraîne dans l'intimité d'une femme en quête d'amour et d'absolu. Alain Tanner pose un regard tout sauf complaisant sur la sexualité de la belle et plantureuse Mercédès, incarnée avec brio par la méconnue mais non moins brillante Myriam Mézières ( l'actrice a notamment joué chez le grand et confidentiel Paul Vecchiali ). Une flamme dans mon coeur, au gré d'une mise en scène à la fois précise et épurée, d'un Noir et Blanc surexposé et d'un récit linéaire aux résonances tragiques se livre tel un beau conte d'amour et de sensualité, parlant aussi bien de bonheur présent, d'absence et de nostalgie amoureuse. C'est à la fois superbe, un brin ennuyant et touchant de profondeur.


La manière dont Alain Tanner filme les intérieurs et les extérieurs parisiens permet de montrer des personnages enfermés dans leurs préoccupations respectives tout en reconstituant l'activité urbaine à la manière d'un François Truffaut ; une autre référence vient s'ajouter au climat général, puisque Philippe Garrel et sa poésie formée de bohème et d'intemporalité vient d'emblée à l'esprit. Les corps, les visages, et les gestes des figures du film dont il est ici question ne traduisent en fin de compte qu'une seule et même obsession : la recherche d'une vie à deux, sans quoi la misère chronique citée par le personnage de Myriam Mézières aurait peut-être raison d'une certaine béatitude.


La fin du film reste ouverte, peu explicite dans ses ultimes secondes mais proprement intrigante. Alain Tanner reste pour ma part une étonnante découverte, pas toujours évidente dans son approche mais porteuse de vertus cinématographiques. Troublant et séduisant.

stebbins
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le 4 oct. 2015

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