Un film pas banal
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le 26 avr. 2014
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Nous autres hommes ne sommes pas à la fête dans ce long métrage engagé : harceleurs, baiseurs, dragueurs insistants ou violeurs ! Mais le sujet le justifie puisqu'une femme en France est violée toutes les 8 mn. Je ne m'offusque donc pas de ce portrait à charge, qui ne prétend d'ailleurs pas englober toute la réalité des rapports hommes-femmes.
Pudique sur le viol lui-même, évitant avec beaucoup de justesse la surenchère voyeuriste puisqu'on ne voit quasiment rien, le film s'attache à décrire les conséquences de ces quelques secondes sur la vie de la victime (oui, tout cela pour quelques secondes de jouissance). Sans doute pousse-t-il le bouchon un chouïa loin (les scènes de sexe en boîte de nuit), mais il a le grand mérite de nous sensibiliser à ce que peuvent ressentir ces femmes. Et tout cela avec 8 000 € !! Là, je tire franchement mon chapeau, et j'espère que cette auteure talentueuse parviendra à l'avenir à faire financer ses films. Notons au passage que le fait qu'un tel sujet n'intéresse aucun financeur en dit long sur l'indifférence, très masculine, de notre société vis-à-vis du viol. Et ne fait que justifier l'existence d'un tel film.
Marie Denarnaud est épatante, elle vit plus qu'elle ne joue, à la manière d'une Sara Forestier, qui aurait pu aussi porter le rôle. Et le film à la bonne idée de rester centré sur elle - c'est une bonne chose d'avoir enlevé les scènes de groupe de paroles, trop appuyées, ou la scène avec les lesbiennes, qui aurait rendu le film moins ramassé, moins fort.
Quelques réserves tout de même : Oumar Diaw ne joue pas très juste (tout va bien tant qu'il n'a pas de dialogue...) ; la scène du commissariat est un brin caricaturale et attendue (mais pas si manichéen : on peut comprendre aussi les questions du flic) ; et puis, encore un film avec plein de scènes de boîte de nuit, un cliché des films d'aujourd'hui qui devient pénible.
La fin est très réussie : l'art vu comme une thérapie. Elle conclut positivement le film, sans tomber non plus dans le happy ending : Nat semble plus sereine, mais on ne la sent pas totalement tirée d'affaire pour autant. Elle se laisse toucher par la prof de danse, c'est aussi une bonne idée. Surtout, elle se regarde dans une glace, elle peut affronter son image.
Une cinéaste à suivre, à côté des nombreuses femmes qui ont émergé en France : Justine Triet, Katell Quillévéré, Julia Ducournau...
Créée
le 2 janv. 2018
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