CRITIQUE // UNE HISTOIRE BANALE D’AUDREY ESTROUGO

Une Histoire Banale, un film coup de poing sur le viol et ses conséquences dévastatrices, financé en partie par le crowdfunding. Audrey Estrougo (Son Selfie) nous montre en 1heure et 25 minutes l’art et la manière de filmer une histoire forte et puissante de façon à ne pas tomber dans le mélo en 3 semaines de tournage et avec un maigre budget de 8000 euros.

On retrouve ici de nombreux éléments qui font de ce film une très bonne œuvre : un très bon casting, des acteurs bien choisis dont le ton est toujours juste.
On croit aux interactions entre les personnages. En effet, il y a une belle osmose entre Nathalie (Marie Denarnaud) et Wilson (Oumar Diaw) qui est vraiment palpable
Son amitié avec sa belle-soeur Sohna (Marie-Sohna Condé) l’est également. On croit vraiment à cette histoire d’amour et à cette amitié.

Une histoire banale c’est une histoire bouleversante, qui travaille et qui reste en tête après être sortis de salle
On sort de salle révolté par ce qui lui est arrivée et les conséquences que ce traumatisme a eu sur elle.
En colère, car Nathalie pourrait être, nous, une amie, une personne proche…
Enragée contre les réactions de certains proches et de personnes censées représenter la loi…

Nathalie passe par plusieurs phases destructrices avant de décider de se reconstruire.
On découvre en elle au départ une femme épanouie, qui aime son travail et qui est ouverte au monde. La justesse du personnage principal et du fait que nous restons toujours de son point de vue permettent de s’identifier facilement à elle.

Par la suite vient l’agression. La scène est filmée en gros plan de telle sorte à ne rien laisser transparaitre d’autre que la peur du personnage principal pour sa vie.
Rien de glauque ni de spectaculaire, tout en suggestion. Étrangement, ce n’est pas l’agression en elle-même qui est la plus effrayante, mais les conséquences que ce drame ont engendrées sur le personnage principal. Ces phases de destruction et d’isolement par lesquelles elle passe tour à tour sont très marquantes.

Suite à ce drame Nathalie tente de reprendre le dessus en se rendant à son travail mais le fait de se retrouver nez à nez avec son agresseur ravive le traumatisme de la veille et la pousse à rester cloitrée chez elle et à s’isoler du reste du monde. La peur et la honte l’empêchent de se rendre dans un commissariat et de porter plainte ou même de tout simplement en parler à ses proches.

Puis vient le mal-être, une phase de culpabilisation en quelque sorte. Nathalie se déteste et entre dans une phase de rejet total et d’irrespect vis-à-vis de sa propre personne. Elle devient agressive et relève tout comportement sexiste, chose qu’elle n’aurait pas osée faire au départ.

Le temps passe, la blessure est là pour toujours, mais la vie reprend le dessus et lorsqu’elle se sent prête, elle décide de reprendre confiance en elle et de se réconcilier avec son corps, s’assumer comme tel en prenant des cours de danse.

Merci à Audrey Estrougo d’avoir aussi bien traité un sujet trop peu exploité au cinéma, un sujet encore trop tabou dans la société.
Femmes_CinémaTélévis
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films de réalisatrices vus

Créée

le 12 juin 2014

Critique lue 756 fois

2 j'aime

Critique lue 756 fois

2

D'autres avis sur Une histoire banale

Une histoire banale
carolectrice
7

Un film pas banal

Une histoire banale, oui, c'est une histoire banale, trop même... Une jeune femme de 30 ans, infirmière, en couple depuis 4 ans et qui s'apprête à emménager avec son chéri se fait violer chez elle...

le 26 avr. 2014

5 j'aime

1

Une histoire banale
Bliizzard
8

Critique de Une histoire banale par Bliizzard

Un film fort et percutant, mais surtout utile. Il traite avec beaucoup d'émotions et de vérité un sujet encore bien tabou dans notre société, le viol. Le sentiment de culpabilité de la victime, la...

le 28 févr. 2015

4 j'aime

8

Une histoire banale
kinshaw
2

Critique de Une histoire banale par kinshaw

Enfin un film qui aborde le sujet du viol du côté de la victime. J'attendais beaucoup de ce film surtout après avoir vu les bonnes critiques sur Allociné. La réalisation est sobre, tournée sans...

le 20 juin 2016

2 j'aime

Du même critique

Une histoire banale
Femmes_CinémaTélévis
8

CRITIQUE // UNE HISTOIRE BANALE D’AUDREY ESTROUGO

Une Histoire Banale, un film coup de poing sur le viol et ses conséquences dévastatrices, financé en partie par le crowdfunding. Audrey Estrougo (Son Selfie) nous montre en 1heure et 25 minutes l’art...

le 12 juin 2014

2 j'aime

A Girl at My Door
Femmes_CinémaTélévis
6

CRITIQUE // DOHEE-YA DE JULY JUNG (A GIRL AT MY DOOR)

Il est toujours étonnant de voir avec quelle facilité la Corée arrive à traiter des sujets graves sans pour autant tomber dans le misérabilisme que ce soit dans le fond ou dans la forme. Certes,...

le 13 juin 2014

1 j'aime

1

Les Gazelles
Femmes_CinémaTélévis
8

CRITIQUE // LES GAZELLES DE MONA ACHACHE

Les gazelles est un film de la réalisatrice Mona Achache qui raconte le parcours initiatique de Marie passant du statut de en couple à celui de célibataire à l’âge de 30 ans. On découvre tout d’abord...

le 12 juin 2014