Sautet a toujours traité d’une dynamique fondamentale, celle du changement : l’irruption de la mort (Les Choses de la vie), celle de la vérité (Max et les ferrailleurs) ou plus généralement d’une décision sentimentale qui mène à un bouleversement de l’équilibre. Ses personnages sont dans un équilibre précaire qui contredit le modèle stable que l’époque ne parvient plus à brandir comme modèle inébranlable. Dans Une histoire simple, le constat est sans appel : Marie, à l’aube de la quarantaine, commence par avorter avant de se séparer de son compagnon. « Je n’arrive pas à avoir un homme et un enfant en même temps. » avant d’ajouter, plus tard : « Je ne sais pas ce que je fais avec la vie. Je me cogne, je suis maladroite. »


Sautet le revendique : Une histoire simple ne va pas révolutionner quoi que ce soit, mais creuser avec une acuité toujours accrue ces destinées humaines, profondément ancrées dans leur époque. Romy Schneider, toujours aussi touchante et gracile, promène son regard triste et sa modeste quête du bonheur dans un monde que le cinéaste aborde depuis longtemps : celui des réunions d’amis dans les maisons de campagne (César et Rosalie), celui, aussi, d’une réalité économique, celle de la crise et de ses conséquences sur les destinées individuelles, comme dans Vincent, François, Paul et les autres.


C’est face à l’indicible que le récit excelle : celui du désamour, des tentatives maladroites d’un retour à l’âge d’or dans la reconstitution du couple avec le père de son premier enfant, de l’amitié, aussi, indéfectible. Le pessimisme est poli chez Sautet : certes, quelques personnages tentent de se révolter : mais c’est une étape qui ne dure jamais longtemps, et c’est avec pudeur que les protagonistes affrontent cette curieuse trajectoire qu’est celle de l’amour, la parentalité ou l’accord avec ses valeurs morales.


Avec un peu moins de fougue qu’à l’accoutumée, moins de vedettes, aussi, Sautet ne démérite pas : il resserre légèrement son cadre pour un portrait plus intime, captant les effluves de son temps, fidèle à l’humain, et à son titre. Une histoire simple, et vraie.


(7.5/10)


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Sergent_Pepper
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le 9 déc. 2015

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