Brève rencontre

Si il était encore besoin de montrer que le cinéma italien de la fin de la guerre jusqu'aux années 70 fut l'une des cinématographie les plus riche, les plus inventives et les plus fortes du cinéma européens, Une journée particulière en fourni une preuve éclatante. Sous ses dehors de huis clos a la réalisation classique laissant présager une théâtralité plate le film d'Ettore Scola est en réalité d'une puissance émotionnelle rare: grâce un duo d'acteur touchée par la grâce: Sophia Lorren et Marcello Mastroianni qui transpire l'humanité et la vérité par tous les pores de leur peau, et grâce a une mise en scéne dont l'effacement n'est que façade tant la précision des cadrages, et des travelling exploite avec habileté et subtilité l'espace d'un immeuble vide. Enfin sous ses dehors modestes et intimiste Une journée particulière donne une idée saisissante de ce qu'a pu être l'Italie fasciste et son idéologie.

La journée du film de Scola est particulière pour l'Italie, Hitler est en visite et vient sceller définitivement l'alliance entre l'Allemagne nazi et l'Italie fasciste, l'occasion pour le régime de Mussolini d'organiser des réjouissances en grande pompe, une grande messe du fascisme ou sont conviés tout les bons italiens. Laisser en marge de ces réjouissance Antonietta et Gabriele vont vivre eux aussi une journée particulière. Antonieta est une mère de famille en tout point conforme aux attentes du régime avec une famille nombreuses, soumises a un époux machiste et autoritaire qui reste a la maison pour s'occuper des taches ménagère. Gabriele lui est un intellectuel, animateur de radio viré parce qu'il est homosexuel. La femme soumise et méprisés au nom des maximes phallocrates de Mussolini, et l'homosexuel traqué, obligé de se cacher d'un régime qui le considère comme un subversif.

Deux solitudes confrontées a l’oppression qui en se rencontrant vont trouver le temps de quelques heures, un échappatoire a l'enfer social que la dictature leur impose. échappatoire c'est bien le mot qui caractérise les aspiration de ces deux personnages aliénés chacun a leur manière, Antonietta dans une posture de femme au foyer soumise a un époux qu'elle n'aime plus et qui ne la considère que comme une servante et une pondeuse., Gabriele obligé de cacher ses penchants sexuel, d'avoir honte de ses désirs et de ses sentiments. La photographie délavées et les travelling tournant autour des personnages, explorant ces appartements vides illustre bien l'enfermement des personnages et le poids de la dictature, tandis que le merle d'Antonietta qui s’échappe se sa cage et de l'appartement au début du film exprime son désir de liberté.

Alors que la radios retransmet les discours et les chants de la grande fête fasciste Antonietta et Gabriele, aprenne a se connaitre, confronte leurs idées et Gabriele armait de son ironie démonte progressivement l'idéologie et l'endoctrinement fasciste rencontrant amenant Antonietta a exprimé ses plus profond sentiments, ses frustration, bref a se confier a lui, a communiquer avec un autre humain ce qu'elle a depuis bien longtemps cesser de faire avec son époux. C'est cela la grande leçon d'une journée particulière la rencontre entre deux solitudes qui réapprennent a communiquer et a partager et dans un tel contexte recréer un contact avec un autre être humain ne peut être qu'un acte de résistance a l’oppression fût-il éphémère et sans espoir. Si Une journée particulière laisse finalement un gout amère dans la bouche, sa profonde mélancolie n'est en aucun cas désespérante et la brève rencontre entre Antonietta et Gabriele est magnigique et bouleversante.