Rien ne m'énerve plus au cinéma que la fausse originalité, que celui qui se croit plus important que ses personnages (Bon ok je parle encore un peu de Pablo Larraín ?).
D'où mon bonheur tout au long de ces 89 minutes qui rappellent certes quelques univers connus, comme ceux de Kaurismäki ou Wes Anderson, mais surtout vous dépaysent, géographiquement mais encore plus artistiquement. Dans ce film choral en miniature chaque incongruité semble ordinaire, on passe son temps à se demander « Mais pourquoi une dinde ? », « Mais pourquoi le Persan à Winnipeg ? », « Mais pourquoi ce guide touristique et donc ces touristes au milieu de ce béton géométrique ? », en trouvant la minute d'après parfaitement normal qu'un billet sous la glace soit le fil conducteur.
Mais de l'absurde de ces situations Matthew Rankin ne tire pas une simple enfilade de vignettes, le récit se tisse progressivement et chaque protagoniste, regardé avec une infinie tendresse par la caméra, finit par exister au-delà de la simple silhouette passée dans le cadre, la légèreté de façade n'empêche pas des sujets graves d'être effleurés. Et ensuite libre à chaque spectateur de prolonger l'expérience, d'imaginer les passés et de rêver les destins.
"Une langue universelle" c'est de la poésie urbaine, c'est le film où les températures sont en dessous de 0 mais qui réchauffe le cœur.
Vous n'avez rien compris à ce que vous venez de lire ? Normal, "Une langue universelle" est la proposition de cinéma la plus indéfinissable du moment.