Une manche et la belle par Maqroll
Un modeste banquier rencontre une femme mûre et riche pourvue d’une secrétaire charmante et dénuée de scrupules… le classique trio du boulevard et du polar qui devient quatuor dans un rebondissement plus qu’attendu. Une adaptation de James Hadley Chase par un Verneuil sans aucune inspiration, ce qui est à peu près pléonastique ! C’est filmé à la va-vite sur un faux rythme, les situations sont perpétuellement en décalage et d’une invraisemblance allant jusqu’au grotesque, les dialogues sont fades, les noir et blanc sans contraste, le suspense éventé trop rapidement. Les acteurs sont à l’unisson de ce fiasco total et alignés sur ledit décalage : Isa Miranda n’a aucun charme, Henri Vidal aucun magnétisme et Mylène Demongeot aucun charisme, alors que l’action repose sur l’attirance irrésistible que chacun est censé exercer sur l’autre. Voilà comment, par une réalisation molle et une distribution inopportune, on fait un bien mauvais film en lieu et place du thriller excitant qui aurait pu advenir avec un metteur en scène digne de ce nom à la baguette… Imaginons un instant ce qu’en aurait fait Hitchcock, pour lequel j’ai pourtant parfois quelques réserves mais qui savait indéniablement ce que filmer veut dire et surtout qui avait une bien meilleure connaissance des ressorts humains.