Je sais ce que vous allez vous dire, vous qui avez déjà visionné ce film : "Mais comment ce con de Kowalski a pu se laisser avoir par ce film! Je le pensais plus subtil que cela le blondin mais non, on lui présente une comédie sportive, bien prévisible, politiquement plus que correcte,agrémentée d'une amourette niaise et saupoudrée d'un pathos faisant parfois saigner des yeux (et des oreilles concernant la "discretion" de la musique), et le bonhomme, il y saute à pieds joints! Le naze! "
Alors oui mais non mais quand même oui..... Je passe sur cette histoire sans surprise pleine de bons sentiments tout jolis tout mignons, je ne reviendrais pas plus sur l'histoire d'amour tellement prévisible entre la mimi Amy et Justin "j'ai la gueule du gendre idéal"....Alors quoi?!
Bein je suis désolé mais ........Clint quoi! Oui j'ai encore laissé mon objectivité au fond des toilettes et j'ai bien tiré la chasse histoire d'être peinard...mais c'est la faute de ce vieux charognard! Bein, ouais, voir Clint jouer le vieux con de service insultant tout ce qui passe à portée de voix avec un langage si chatié et raffiné, bein j'y peux rien, c'est dans mes gênes, c'est mon pêché mignon!
Je me demandais bien ce qui avait bien pu décidé Clint à sortir de sa retraite d'acteur, le jubilé ayant été magistralement réussi avec Kowalski (pas moi, hein, non, le vrai de Gran Torino). Le testament rédigé, pourquoi vouloir revenir dessus?
Déjà, pour faire plaisir et rendre service à un membre de la famille Malpaso Company puisque Robert a plusieurs fois exercé en tant que producteur et assistant réalisateur auprès du maître! Cela ne suffit pas à tout expliquer car Eastwood, en bon partisan de l'adage du "on est jamais mieux servit que par soi-même" n'avait pas tourné pour quelqu'un d'autre depuis une vingtaine d'années (le dernier a avoir réussi ce tour de force est ce bon vieux Wolfgang avec "Dans la ligne de lire" en 93). Alors, Robert s'est dit qu'il aurait peut être plus de chance si il montrait à Clint qu'il avait bien appris ses leçons! Donc on reprends quelques un des thèmes fondateurs et essentiels de la filmo Eastwoodienne : le temps qui passe et la vieillesse (souvent traitée par Clint avec recul et ironie.....et il est encore assez vert ici, pour fracasser une table basse a coup de tatanes ou menacer un soulard au tesson de bouteille.....bad guys never die), les problèmes de relations pères-enfants (thème récurrent chez Clint mais n'ayant jamais été un des sujets principal d'un de ses films) et bien sur, loin d'être le moins important, la rédemption, cette fameuse nouvelle chance ("Impitoyable", "Creance de sang", "Bronco Billy", "Gran Torino".....).
Mais voilà, l'élève est encore bien loin de dépasser le maître et là où Clint aurait apporté un peu plus de subtilité, de finesse et sans doute une certaine ironie mordante, Lorenz nous propose un film convenu et cliché qui si il est loin d'être un chef d'oeuvre du 7ème art fait au moins passer un moment pas désagréable non plus. Mais la meilleure idée de ce film est d'avoir embauché le mentor et cela sauve ce film! Alors oui, Clint cabotine, en fait des caisses, voire s'autoparodie mais moi j'adore tout en ayant bien conscience que si c'est probablement là son dernier rôle il aurait quand même été préférable qu'il s'abstienne et reste sur un succes....
Conseillé aux adorateurs de Eastwood et encore....
Déconseillé à ceux que le pathos et le politiquement correct agacent....