One night in Paris.
J'ai eu longtemps peur de faire face à un film de flics comme on en voit beaucoup (trop?) depuis quelques années en France. Olivier Marchal style. Les lumières sont belles, Paris bien filmé, pas le...
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le 9 janv. 2012
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- En fait vous avez un chauffeur différent tous les soirs.
- Oui.
- Au moins ça change.
- Parfois c'est bien.
- Mais il paraît qu'ils vont supprimer les chauffeurs pour la mondaine.
- Ils vont peut-être même supprimer la mondaine. On dérange beaucoup de monde.
- Qui ça les patrons de boîte ?
- Non. Non les clients, les gens connus. Ils n'aiment pas être vus la nuit, et moi mon boulot c'est de les voir.
Le cinéaste Philippe Lefebvre renoue avec la tradition des grands films noirs, dans un polar au coeur de la nuit parisienne qui vous prend aux tripes et ne vous lâche à aucun moment tant le récit est intense et percutant. Dès le début du film le cinéaste nous plonge dans une atmosphère particulièrement sombre, humide, inquiétante et oppressante, sur un rythme lent mais rudement performant, où on se retrouve immédiatement plongée dans un Paris étrange et captivant. Les nuits parisiennes n'ont rien de semblable à la vie en journée. On se retrouve plongé dans un autre univers finalement assez méconnu, où les boîtes de nuit sont maître d'un réseau de trafics multiple et diverse englobant les prostituées, la drogue, l'extorsion d'argent ou d'objets, le chantage, l'intimidation, les règlements de comptes...
L'intrigue se déroule au cours d'une seule nuit, où l'on suit un agent de la mondaine ( brigade de police chargée des affaires de moeurs ) dans ce qui est pour lui son quotidien, se résumant pour nous à un grand n'importe quoi. Durant sa mission il est accompagné d'une chauffeuse avec laquelle il fait la tournée des bars et des discothèques, veillant au grain dans un univers malsain, où on croise des gens improbables dans des situations impensables qui sont toutes tirées d'histoires vraies. Jamais je n'aurais imaginé qu'il existait des policiers avec le pouvoir d'ouvrir ou de fermer un établissement de nuit à leur bon vouloir. En clair c'est l'agent de la mondaine qui fait la pluie et le beau temps dans le business, il connaît tout le monde, du simple chauffeur au patron millionnaire, même le politicien le craint. Plus qu'un flic, il est un roi qui ne craint que l'IGS.
C'est un sujet totalement fascinant et réel que nous livre Philippe Lefebvre, puisqu'il a écrit le scénario en collaboration avec Simon Michaël ancien officier de police judiciaire, et Philippe Isard ancien policier de la brigade de protection des mineurs et de la brigade mondaine, afin d'être le plus fidèle à la réalité, avec cet agent qui finalement est constamment à la limite du légal, à un point où lui-même ne sait plus s'il est corrompu ou non.
La réalisation est impressionnante ! La mise en scène possède beaucoup de style, avec une imagerie soignée nous présentant un contraste édifiant de cette nuit par les lumières réfléchissantes dans l'humidité et la froideur des ruelles. Les dialogues sont soignés, le développement des personnages principaux est subtil, jusqu'à un twist final inattendu pour pleinement profiter du spectacle. L'excellente et inquiétante musique d'Olivier Florio participe d'autant plus à rendre une ambiance pesante dans une intrigue qui nous laisse continuellement incommodés, comme si une agression mortelle pouvait surgir à tout instant. C'est du très bon travail. Inutile de s'attendre à voir des fusillades, le sujet n'est clairement pas là, l'intérêt vient avant tout de son histoire ainsi que du traitement de son cadre et du personnage principal incarné par Roschdy Zem.
Roschdy Zem est épatant de sobriété. Avec une stature qui lui est propre il incarne habilement le commandant Weiss, flic sombre respecté dans ce milieu, qui parle peu mais agit beaucoup. Le réseau auquel il est en charge est stupéfiant, les gens qui gravitent autour de lui sont contagieux et dissolvant, si bien que l'on se demande comment une personne dans son cas peut rester " normale ", et ne pas basculer. Le contraste entre une vie de nuit et de jour est tellement gigantesque que cela en est perturbant, chose que ne cesse de répéter le commandant Weiss : " La nuit c'est la vie à l'envers." Sara Forestier incarne Laurence Deray son chauffeur pour une nuit. Elle est ingénieusement introduite dans le récit puisqu'elle découvre comme nous cet univers angoissant dont elle est novice, ce qui fait qu'on s'identifie à elle. Avec une discrétion mémorable elle amène beaucoup de contraste au personnage de Roschdy Zem. Samuel Le Bihan dans le rôle de Tony Garcia, le meilleur ami d'enfance du commandant Weiss, amène la symbolique du récit avec cette relation étonnante entre deux hommes qui sont fondamentalement différents. Leur duo est efficace. Enfin je terminerai sur la petite participation très appréciable de Richard Bohringer en chef de mafia familial.
CONCLUSION :
Une nuit de Philippe Lefebvre nous plonge dans le monde fascinant de Simon Weiss un agent de la mondaine que l'on suit dans son quotidien au cours d'une nuit parisienne qui nous embarque dans un univers de débauche, de luxure, et d'extorsion qui en laissera plus d'un sur le cul. Bravo à toute l'équipe pour ce travail hors pair sur une histoire incroyablement intelligente où l'ensemble de la distribution est impeccable.
Une nuit peut se targuer d'être un grand film noir à la française.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste « Cocorico ! » : classement du meilleur au pire des films appartenant au cinéma français
Créée
le 19 juil. 2020
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