Une pure affaire par cloneweb
La comédie est un genre particulier d'une manière générale car il faut adhérer au style d'humour proposé. Ce n'est pas parce qu'on apprécie l'humour qu'on apprécie TOUS les humours et certains tombent forcément, pour nous, à plat.
En France, c'est d'autant plus difficile d'apprécier une comédie qu'entre le Baltringue, Camping 2 ou tout ce qu'approche Dany Boon ou Eric et Ramzy, il faut aimer l'humour gras voire beauf et il est bien difficile de trouver dans la pagaille des comédies sorties dans l'hexagone des choses sympathiques.
Alors quand un jeune réalisateur propose une comédie légère et toute en finesse, on ne va pas cracher dans la soupe.
La comédie en question s'appelle Une Pure Affaire et sort le 2 mars prochain. Ne vous fiez pas à la promotion qui tente de vous vendre un énième truc sans intérêt, avec son affiche mal foutue et sa bande annonce concentrant les gags. Une pure Affaire, c'est -pour une fois- quelque chose d'autre.
Une Pure Affaire est un film mis en scène par un petit nouveau qui en veut, Alexandre Coffre, qui signe d'ailleurs une réalisation sobre et soignée à la fois. L'homme a tourné ses scènes dans différentes banlieues pour nous offrir un lieu à la fois parisien et passe-partout. Ca tombe bien puisque l'histoire est celle d'une famille comme les autres.
Lui est un avocat un peu gauche qui veut faire carrière, elle se fait virer d'une entreprise de mobilier, un Conforama-like où elle faisait de la gestion de stock. Ils ont deux enfants, l'adolescente comme toutes les filles de son age se prend la tête avec ses parents, « en a marre et veut partir d'ici » et le gamin glande avec ses potes au skate park de Bercy. Ils fêtent Noël avec la dinde, les cadeaux et le grand-père assis en bout de table.
Et comme toutes ces familles classiques, qu'on a tous plus ou moins dans notre entourage, ils s'emmerdent.
Alors quand le père va découvrir par hasard, promenant son chien, un sac rempli de coke et la possibilité de la dealer, tout va changer.
La première qualité d'Une Pure Affaire, c'est de ne pas trop céder à la facilité. Là où la plupart des comédies classiques auraient basculé dans les quiproquos et autres situations grotesques, lui s'offre des dialogues plutôt fins et des situations bien trouvées. L'ensemble est forcément un peu cliché vu l'univers dépeint mais on est loin du cinéma se voulant habituellement drôle.
D'ailleurs,
Sa deuxième qualité est de ne pas mettre la drogue au centre de l'histoire. En effet, ce n'est qu'un prétexte pour proposer aux spectateurs une histoire de famille à laquelle il peut s'identifier. Tout le monde à un moment de sa vie s'est emmerdé dans sa situation, espérant un prétexte pour tout changer, que ça soit pour gagner plus, vivre mieux ou partir loin. Et se rapprocher des siens.
La troisième qualité, c'est un casting qui s'en sort -et Dieu sait que le cinéma français est peuplé d'acteurs ne sachant pas jouer- avec en tête François Damiens, connu surtout en Belgique pour ses caméras cachées mais dont la popularité est grandissante en France. C'est une bonne idée de lui avoir confié ce rôle, d'autant qu'il est sans doute le personnage le plus sobre, le plus raisonnable de cette histoire.
Si Une Pure Affaire ne révolutionne pas le cinéma, il est agréable de voir qu'en France on peut faire de vraies bonnes comédies qui font rire sans être l'auteur d'OSS 117.
Quand à Alexandre Coffre, on le range à coté de Pascal Gobert (Simon Werner a disparu) dans la catégorie des jeunes réalisateurs de premiers films français à suivre prochainement.