Une Vie s'ouvre en épousant la discrétion de son personnage principal. Un papy sympathique, un tout petit peu Diogène, sommé de mettre un peu d'ordre dans son bureau par son épouse et qui, ce faisant, explorera son passé et ses souvenirs. En ouvrant une sacoche de cuir fatiguée. En ouvrant un vieil album de photos fanées.
Une seconde ligne temporelle s'ouvre alors sur la fin des années trente et l'avancée de l'Allemagne nazie, qui ne cessera de répondre au présent de Nicholas Winton, décrit comme un lointain cousin d'Oskar Schindler.
Toutes les plumes que vous avez pu lire ici et ailleurs ont loué la performance d'Anthony Hopkins. Mais celles-ci n'ont qu'à moitié raison. N'imaginez donc pas vous retrouver devant ce qu'il a pu porter dans un film comme The Father.
Car Une Vie est construit sur un portrait double à cinquante années d'écart. La fougue de la jeunesse et de la prise de conscience et de l'indignation, incarnée par un Johnny Flynn tout en urgence. La maturité mélancolique, qui ne peut se résoudre au fait de ne pas avoir pu sauver tous ceux qu'il a rencontré. Convaincue qu'il en a fait que trop peu et que son action n'avait pas vu assez grand. Anthony Hopkins, vulnérable, habitant finalement le quotidien d'un vieil homme simple en plein inventaire, n'apparaît finalement, presque, qu'en trompe-l'oeil.
Une Vie se dessine comme l'histoire d'un homme ordinaire au destin extraordinaire, longtemps méconnu de la Grande, dans une partition tout aussi sobre que classique, toute en justesse typiquement britannique.
En évitant par ailleurs de sombrer dans le mélo facile, mettant plus en avant l'aspect un peu thriller de l'organisation des exfiltrations, ou encore l'action discrète, sans éclat, la timidité de son héros dont la culpabilité continue de l'éprouver.
Une Vie ne cèdera que dans sa dernière ligne droite, reconstituant l'émission britannique qui a rendu tout cette histoire publique. Mais il est difficile d'en vouloir à l'oeuvre, qui apparaît à ce moment-là comme prisonnière du caractère fabriqué du show de la BBC qu'il porte à l'écran.
Mais rien n'y fait : on se souvient d' Une Vie beaucoup plus pour la mise en avant de l'humanisme dont Nicholas Winton a fait preuve, son humilité et son altruisme. Et des émotions portées par un duo d'acteurs habité.
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