En me préparant pour aller le voir le film j'anticipais de voir un film larmoyant, avec l'archétype de l'homme blanc présenté en sauveur des pauvres réfugiés sans défense ni ressources; bref un film très manichéen sur sa présentation comme on peut souvent voir.
Finalement je me trompais sur toute la ligne.
"Une vie" retrace l'histoire d'un homme "ordinaire" comme il se qualifie lui même, entouré de personnes tout aussi "ordinaires" mais qui ont un seul objectif : protéger ces enfants victimes d'un déracinement brutal et d'une condition de vie intenable dans un contexte d'avant-guerre.
Le film se construit autour de plans au "présent" avec le protagoniste âgé, entouré de sa famille qui laisse transparaître une souffrance, un fardeau presque insoutenable et un secret, situation paradoxale quand on sait la réussite de son projet, de ce qu'il a accompli. Le film retrace ainsi donc son histoire, son parcours avec son arrivée à Prague, sa détermination pour mener à bien ce projet, les premiers trains qui emmènent les premières vagues d'enfants, les rencontres avec les familles d'accueil...
Jusqu'au début officiel de la guerre, jusqu'au drame qui annihilera dans la tête de Nicholas Winton tout ce qu'il avait déjà accompli et lui laissera un goût amer d'échec jusqu'à ses vieilles années.
Ces années de guerre ont été traitées par des descriptions chiffrés "x morts" "x blessés", propos finalement déshumanisants et qui éloignent de la réalité de l'horreur qui se déroulait à l'époque en Europe. Par son travail, ces chiffres sont devenus des noms, des photos, des enfants désignés, sauvés pour la plupart mais malheureusement victime pour la majorité.
Ce film est un magnifique hommage à cet homme; mais préparez les mouchoirs.