Au début de l'hiver 1938, en Tchécoslovaquie dont Hitler a déjà réclamé une partie substantielle, de nombreuses familles se sont réfugiées à Prague et tentent de survivre dans des camps de fortune aux conditions déplorables. En découvrant la précarité à laquelle sont soumises plus de deux milliers d'enfants, Nicholas Winton, un banquier anglais lambda, décide d'organiser leur rapatriement en urgence jusqu'en Angleterre. Les obstacles fleurissent, entre les demandes de visa à la pelle, le coût du trajet, les familles d'accueil à motiver... Une véritable course contre la montre pour les extirper de ce piège à rats avant le début de la guerre.
1988 à Londres, Nicholas Winton se questionne sur le devenir de ces enfants exilés tout en ne pouvant pas s'empêcher d'être pétri de culpabilité à la pensée de ceux qu'il n'a pas réussi à sauver et se démène pour que cette partie de l'Histoire ne tombe pas dans les profondeurs de l'oubli.
C'est un aller-retour incessant entre deux époques au rythme très différent : effréné en Tchécoslovaquie et en Angleterre d'avant-guerre où on partage l'inquiétude des résistants qui n'ont qu'un temps restreint pour mener à bien leur mission, beaucoup plus ralenti en 1988 ce qui peut parfois donner le sentiment frustrant d'être coupé dans son élan.
L'humilité de Winton est inspirante : il semble de toute sa vie ne jamais avoir voulu mettre en avant son héroïsme et être perpétuellement gêné de l'attention qu'il peut générer. Il s'escrime à faire connaître ce récit, certes, mais c'est l'histoire de ces enfants, de ceux qu'il a sauvés et de ceux à qui il pense avoir failli qu'il souhaite partager et ne pas voir oubliée.
Une des scènes les plus marquantes est pour moi la séparation entre les parents et les enfants du premier train : le courage déchirant des premiers qui pleurent leur détresse en décidant de s'arracher à ce qu'ils ont de plus précieux afin de les mettre en sécurité tout en sachant qu'ils ne les verront probablement plus jamais, et les regards inquiets et interdits des seconds qui vivent cette rupture sans la réaliser.
"Ma mère est morte du typhus. Contracté chez Belsen. Mais elle savait que nous étions en sécurité. Pour une mère, c'est tout."