Un homme aime une femme. Cette femme aime cet homme. Mais leurs chemins se sont croisés pour la première fois au mauvais moment, une douzaine d’années avant celui auquel les cueille le début du film : Jeanne (Nathalie Baye) était déjà mariée, mère d’un jeune enfant ; Alex (Patrick Bruel) était encore jeune, trop timide au goût de sa partenaire, plus mûre. Celle-ci est partie, sans crier gare, emmenée par son mari, comme la charmante voisine de Brassens dans « L’Orage », « vers des cieux toujours bleus, Des pays imbéciles où jamais il ne pleut »... Douze ans plus tard, lorsque la sœur d’Alex, Camille (Anouk Grinberg) épouse Loïc (Stéphane Guillon, surprenant et drôle en agent immobilier), la fête entourant ce mariage remet les deux anciens amants en présence. Et bien entendu, ils s’embrasent au premier regard, menaçant le lien dans lequel Alex s’est, depuis, engagé, auprès de Claire (Géraldine Pailhas).
Ce premier long-métrage, avant d’autres, de Thierry Klifa, tient, sur le moment, grâce à la prestation des deux principaux acteurs, en grande forme, et qui font tout leur possible pour nous faire croire à cette histoire pas totalement vraisemblable, compte tenu des êtres, des situations... Grâce aussi à certains seconds rôles, notamment Michaël Cohen, en petit frère fragile et dépressif, ou encore François Berléand, assez élégant et réjouissant en ex libidineux mais pas totalement infaillible...
Toutefois il n’échappe pas à quelques longueurs, quelques retournements prévisibles, quelques maladresses de scénario, également ; une ambiguïté autour de l’enfant, notamment : un dialogue pourrait faire naître un doute quant à une paternité éventuelle d’Alex vis-à-vis de l’enfant de Jeanne ; mais il est question, plus tard, d’un enfant avorté... La chanson sous le patronage de laquelle semble se placer le film et qui est d’ailleurs chantée par Jeanne, « Pour une amourette... », ne correspond en rien à la situation de fond, qui lorgne plutôt du côté du grand drame romantique... Et le titre lui-même, « Une vie à t’attendre », manque son objectif, puisque le malheur réside précisément dans le fait que ces deux-là ne se sont pas attendus...
Une réalisation très oubliable, donc, et cela bien avant l’aune d’une vie.