Il y a comme une antinomie dans l’adaptation de ce roman… Breillat, aux commandes, qui s’attaque à Barbey d’Aurevilly… Deux univers fondamentalement distincts et différés. L’une, qui est le souffre, l’autre la passion romantique. Et c’est là que se situe l’embarras du spectateur pour ce film. Il fallait prendre un parti. Soit modeler ce classique avec fièvre comme l’a déjà tenté la réalisatrice, où le désir sexuel est au cœur des âmes, soit retranscrire le déchirement de la ferveur contrariée si cher aux auteurs du XIXè. Là rien ! Breillat se canalise, les scènes sexuelles sont moches et d’une platitude théâtralisée, quant aux sentiments amoureux, ils sont absents ou trop enfouis pour être crédibles. Le film se joue entre deux plans sans doute mais jamais à l’écran. Le travail est honorable dans les intentions, avec une belle reconstitution d’époque qui frise parfois le téléfilm, mais trop maniéré. Et le tout est définitivement gâté par une interprétation inégale. Asia Argento semble s’ennuyer autant qu’elle nous ennuie, Claude Sarraute est franchement risible, avachie et bredouillant un texte qu’elle ne semble pas comprendre. Seuls Yolande Moreau, Michael Lonsdale semblent concernés. Une lumière à signaler toutefois dans ce sinistre tableau, le jeune Fu'ad Ait Aattou qui allie beauté trouble et insolence d’un talent prometteur.