Uniformes et jupon court par Maqroll
Deuxième film de Billy Wilder, son premier américain puisque le premier, Mauvaise graine avait été réalisé en France, The Major and the Minor (dont le titre anglais rend bien mieux compte que son homologue français du caractère subversif du propos) est une comédie d’allure conventionnelle cachant - comme souvent chez Wilder - un brûlot à ne pas mettre entre toutes les mains. Comme d’habitude, c’est de sexe qu’il s’agit, et plus précisément (ô comble de l’horreur de nos jours où le mot « pédophilie » est sur toutes les lèvres), rien moins que les amours d’un adulte, militaire de surcroît (The Major, au double sens du terme) et d’une fillette de douze ans (The Minor). Bien sûr, pour que la morale soit sauve et le Code Hays prétendument respecté, nous savons depuis le début que la gamine n’en est pas une, mais une adulte déguisée. Son statut supposé lui permet tout de même de dormir dans le même compartiment de chemin de fer qu’un homme (ce qui n’est pas sans nous évoquer le mémorable New York Miami, Frank Capra étant lui-même très habile dans l’art subtil du contournement dudit Code Hays)… Bref, voici une comédie savoureuse et piquante, servie par une Ginger Rogers pleine de charme avec nattes et jupe plissée et un Ray Milland qui délaisse momentanément les films noirs pour nous montrer l’étendue de son registre et l’éclectisme de son talent. La mise en scène est redoutable d’efficacité, la direction d’acteurs impeccable et le scénario aux petits oignons… Un film à découvrir et à déguster sans retard.