Ivan Zuccon appartient à cette petite frange du cinéma underground italien avec Alex Visani (Nati Morti, Stomach), Emanuele de Santi (Adam Chaplin) et quelques autres qui portent en eux le feu sacré. À défaut d’avoir la prétention de rendre ses lettres de noblesses au cinéma bis de papa Fulci, Argento et Bava, ces derniers ont au moins la volonté de le perpétuer à travers leurs œuvres. Le problème c’est que sans moyen, on ne va pas très loin, et il faut un peu plus que de la bonne volonté, quelques projecteurs et effets de fumées pour faire illusion. Le cinéaste s’est d’abord essayait pendant des années avec sa caméra Super 8, enchaînant les courts métrages (Berenice, The Oval Portrait, Une favola di Morte) dans l'anonymat. Son dernier (L’ultima Cena) sera finalement remarqué par un distributeur américain (Prescription Films) qui acceptera de lui financer une rallonge (7500 $) pour en faire son premier long. The Darkness Beyond connaîtra un petit succès d’estime dans les festivals et permettra au réalisateur de se lancer dans une trilogie lovecraftienne qu'il conclura en 2008 avec Colour from the Dark. Unknown Beyond s’inscrit comme la suite directe de son premier coup d'essai, au sein d'un monde post-apocalyptique où les hommes réduits en esclavage tentent de résister face aux grands anciens. Le sort de l’humanité semble résider dans les pages du Necronomicon. Le retrouver permettrai de renvoyer les forces occultes dans l’au-delà.


Unknow Beyond nous plonge au plein coeur des pires craintes et prédictions du maître de providence, mettant l’un des derniers bastions de l’humanité aux prises de dieux païens dans un combat qui semble perdu d’avance. Il n’y a d’ailleurs plus rien à sauver dans cet environnement austère et proche du néant, jalonné par un fleuve de sang (qui ressemble plus à une flaque filmé en gros plan), des forêts qui ont l’air de bosquets, des ruines éparses et des no man’s land désertiques. Dans ces conditions, difficile de convaincre grand monde quand le commando sur lequel repose nos derniers espoirs et équipés de vieux parchemins pour retrouver leur chemin, finira par s’égarer dans un désert qui paraît aussi grand que La Mer de Sable à Ermenonville. Que serait néanmoins une adaptation lovecraftienne sans horreur ? Et bien peu de chose, sinon que les scènes chocs promises pas le distributeur manquent clairement de savoir-faire. Et cet écueil ne sera pas le seul, car les affrontements pachydermiques et les mises à morts sont bien trop avare en effets gores. Alors il y a bien une victime empalé contre un mur, une langue arrachée, ou des mecs crucifiés, et même un duel léonien au 9mm filmé en DV mais rien qui ne puisse décemment nous rester en mémoire faute d’une réelle inventivitée dans leurs exécutions. Timo Rose ferait mieux avec ses baquets de viscères ce qui n’a rien d’un compliment.


Faute de moyens à la hauteur de ses ambitions artistiques, Ivan Zuccon sait néanmoins faire contre mauvaise fortune bon coeur. Le réalisateur ne s’en sort finalement pas si mal que cela dès qu’il s’agit d’insuffler une atmosphère mortifère emprunté aux visions oniriques Fulcienne ou aux ténèbres de Sam Raimi dont il reprend un plan en shaky cam lors de l’introduction. Une grande partie du film se déroule au sein d’un vieux fort décrépit éclairé aux projecteurs ou bien à la lueur des flammes ; cela donne d’ailleurs de bons résultats ; et dans lequel les derniers survivants de l’apocalypse tenteront d’organiser la riposte face aux forces du mal qui ne daigneront jamais se montrer à l’écran face à la misère que constitue cette résistance indigne de leurs rang. À défaut de pouvoir montrer l’indicible (l’entité cosmique Nyarlathotep est notamment citée), le réalisateur se contentera de mettre en scène ses exécutants, notamment une Nemesis qui aura pour mission d’exterminer notre sale race pour de bon et de faire régner une nouvelle ère de ténèbres sur la Terre. Le récit convoque également une poignée de revenants ainsi qu’une sorcière à la voie caverneuse faisant des infidélités aux grands anciens. Et oui, la trahison c’est l’essence même du mal et du produit Uncut Movie qui nous promettait comme (trop) souvent un film carrément « époustouflant ». Unknown Beyond reflète néanmoins les germes d'un cinéaste de talent qui ne demande qu'à éclore.


Tu veux ta dose de frissons et d’adrénaline pour Halloween ? Rends-toi sur l’Écran Barge où tu trouveras des critiques de films réellement horrifiques, situés à mi-chemin entre le fantasme et le cauchemar.

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le 23 oct. 2024

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