Il y a deux idées excellentes dans Usual Suspects.
La première c'est ce nom : Keyser Söze. Keyser qui sonne comme Kaiser, le chef, l'empereur et qui en même temps est très improbable comme prénom. Et Söze qui reste dans des sonorités inhabituelles et accentue le côté "Europe de l'est" du personnage (rappelez-vous des fameux Hongrois)
Keyser Söze, fallait l'inventer celui-là !
Et précisément, c'est la deuxième trouvaille géniale : la narration ! (Attention SPOILER) L'essentiel de ce qu'on voit dans le film est en fait le récit que Roger Verbal Kint (Kevin Spacey) fait au flic qui le cuisine. Or, on le comprend à la fin, tout ça sort de l'imagination du suspect qui brode au gré de ce qui lui tombe sous les yeux dans le bureau où se déroule l'interrogatoire (Kobayashi)
Dès lors, je pense qu'il importe peu de savoir si la fameuse scène finale dans le cargo est cohérente ou pas, ou de savoir si tel rôle est logique dans l'ensemble. Car Verbal Kint peut raconter ce qu'il veut sans aucune garantie que son histoire tienne vraiment la route. L'essentiel pour lui n'est pas qu'on y croit mais bien que le flic, lui, y croit. Et de fait ce dernier est littéralement hypnotisé par les paroles de Verbal le bien nommé.
Contrairement à Mulholland Drive où on ne comprend rien alors que tout est parfaitement logique - ce sont juste des pièces d'un puzzle en désordre - Usual Suspect est un film où on a l'impression jusqu'au bout de comprendre quelque chose alors qu'il n'y a vraisemblablement rien à comprendre.
Juste une histoire à dormir debout comme les enfants aiment qu'on leur raconte sans qu'on ait besoin de tout expliquer.
Un film remarquablement bien construit.
Scénario : 9/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 7/10
8/10