Difficile de parler d'un tel film, pour une raison qui est évidente pour ceux qui l'ont vu. Tout ce que je peux dire, c'est le plaisir intense qu'il représente pour moi, un plaisir renouvelé à chaque visionnage (et ils sont nombreux, y compris en cours).
Plaisir de ces cinq acteurs, surtout Byrne, que j'adore et qui est trop rare (et ne choisis pas toujours bien ses films, d'ailleurs). Stephen Baldwin (MacManus) et Benicio DelToro (Fenster) forment un très beau couple dont l'homosexualité est évidente (d'ailleurs, je suis prêt à parier que chacun des cinq personnages est homo, même Keaton, qui n'hésite pas à trahir sa femme pour partir avec quatre mecs en voyage en Californie... Ben mon cochon !). Les dialogues sont ciselés (surtout dans la première demi-heure, où les répliques fusent) et les personnages sont bien campés. Chacun a son caractère propre, rapidement défini et immédiatement reconnaissable.
La musique de John Ottman est remarquable. J'adore particulièrement les envolées lyriques du violoncelle, qui plante d'emblée une ambiance.
La réalisation est maîtrisée, surtout au niveau du rythme. Le film est bref (100 minutes) et rapide, même dans les moments où les dialogues sont nombreux. Les scènes d'action sont rares (Usual Suspects n'est pas un film d'action, après tout) mais très marquantes (surtout celle du New-York finest taxi service) ; elles sont toujours placées au moment idéal pour relancer l'attention du spectateur.
Mais c'est surtout le scénario qui flamboie dans ce film. Le moindre détail se révèle important. Rien n'est innocent, rien n'est un hasard. La construction du film est impeccable et entièrement tendue vers un but unique. C'est à la fois jouissif et machiavélique (jouissif car machiavélique). Le suspense est maintenu par deux énigmes entremêlées :
_ que s'est-il passé sur le bateau ?
_ Keyser Söze.
Et là, force est d'admettre que Keyser Söze, c'est un coup de génie ! Je n'en dirai pas plus pour ne rien dévoiler aux rares qui n'auraient pas encore savouré ce film, mais Keyser Söze, c'est énorme !
MEGA SPOIL DE LA MORT QU'IL NE FAUT SURTOUT PAS LIRE (ET APRÈS CA VOUS NE POURREZ PAS DIRE QUE VOUS N'AVEZ PAS ÉTÉ PRÉVENUS SI VOUS FAITES MALENCONTREUSEMENT PARTIE DES 2 OU 3 GONZES QUI Z'ONT PAS ENCORE MATE CE CHEF D’ŒUVRE))
Je souris toujours quand je songe à toutes les fois où l'agent Kujan (Chazz Palminteri) traite Verbal Kint de minable, d'idiot, de sale infirme, de connard, etc. Jouissif, ça aussi.