Uzumaki
5.8
Uzumaki

Film de Higuchinsky (2000)

Mouaiiiiis... *tourne la tête en spirale*

D'un certain point de vue adaptations de ses mangas en films, on peut pas dire que Junji Ito soit gâté.


En fait clairement, elles se plantent toutes et ça va du moyen (ce film mais je vais y revenir, moins pire que je le pensais) au mauvais, bâclé sans vergogne (plein plein de versions de Tomié). Il semblerait toutefois que les choses changent lentement au vu par exemple d'une adaptation récente en animé de son GYO en 2012 par Takayuki Hirao. GYO, cette histoire totalement improbable (imbuvable ?) de poissons qui, aidés de pattes mécaniques via un petit exosquelette, en viennent à sortir de l'eau en masse et conquérir la terre ferme, occasionnant dégâts, accidents et morts plus ou moins accidentelles (quand vous vous retrouvez face à un grand requin blanc dans la rue, vous faites plus le malin là) ne pouvait décemment passer le cap de l'incrédulité occasionnée qu'en animé, transcendant un aspect souvent absurde pour le fondre à l'écran avec disons, un certain respect (oui, même les odeurs pestilentielles du poisson mort avec gaz et odeurs plus proche du mix pet et oeuf pourri était mis à l'écran).


Mais Spirale version film des 2000, et donc adapté du manga originel, dès son début m'a fait très sérieusement craindre le pire. Entre les comédiens tous mauvais au possible et la mise en scène souvent vidéo-clip "rien à branler" de Higuchinsky qui se fout ouvertement de respecter l'univers de Ito même si par la suite le bonhomme se pose enfin pour essayer de créer une atmosphère ---ses producteurs ont dû lui tirer l'oreille ou alors Ito a déposé les cadavres de poissons morts qui lui ont servi pour dessiner GYO devant sa porte ! (1), c'était quand même mal parti.


Au bout d'une demi-heure, finalement ça passe, on rentre lentement dans le ton du film et on excuse même un emprunt par ci et là qui ne soit pas dans Spirale mais plusieurs bouquins de Ito ça et là (l'ado qui veut toujours faire peur par exemple sortait d'une autre histoire du mangaka éditée comme toutes ses oeuvres chez Tonkam) et le fait que l'oeuvre qui se prête bien plus à une narration en série avec plusieurs épisodes (c'est le cas, mini série annoncée là pour 2021 ou 2022 d'ailleurs !) soit brodée d'une sorte de fil rouge qui ne transparaît que dans le final. La faute à avoir trop regroupé des choses liées au manga Spirale comme à d'autres univers de Junji Ito au sein d'un seul film, quitte à essayer de les rattacher vainement.


D'ailleurs le final diffère grandement du manga originel puisque l'auteur n'avait pas encore rédigé la géniale conclusion presque Lovecraftienne qui clôt les trois tomes de Spirale (2) et se penche plus sur l'aspect malédiction du village avec équipe de télé en direct qui intervient. Bon, une fin ouverte somme toute, mais pas mauvaise en soi vu qu'elle évite le happy-end de bon aloi qui arrive dans tellement de films. Et même bourré de CGI cartoonesques et d'une photo monochrome qui pourra diviser pas mal le spectateur (le film est constamment une publicité pour le filtre vert, le réal ayant trop abusé de Matrix), le film arrive enfin finalement à retranscrire par rares miettes ce qui fait tout le sel de l'univers d'Ito jusqu'à une scène finale, cadrée et filmée comme un véritable tableau qui renoue avec une des meilleures scène du manga justement (3).


Bref ça a commencé comme un ratage monumental et en fait..... ben ça se regarde. Moyennement mais on a vu (hélas) pire.


Mais une véritable adaptation flippante et respectueuse des oeuvres de Junji Ito reste à faire encore, décidément.


======


(1) On remarque au passage un clin d'oeil du réal à l'oeuvre de Junji Ito en mettant un faux avis de recherche sur le mur du poste de police qui consiste ...en un portrait de Ito, tel que celui-ci se dessine parfois dans ses mangas. Une volonté donc de préférer souvent la farce décalée à la terreur existentielle et physique que les oeuvres du mangaka mettent en scène.


(2) Dans sa première édition chez nous en France. Il vient de sortir récemment dans une sorte de grosse intégrale en un seul tome. Monstrueux et indispensable.


(3) https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10158982797909654&set=p.10158982797909654&type=3

Nio_Lynes
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le 23 sept. 2021

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