Spirale infernale
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le 9 oct. 2010
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2
Adapter une œuvre écrite ou dessinée à l’écran, c’est toujours hyper casse-gueule. Adapter une série encore un peu en cours, c’est suicidaire... Avec Spirale, Higuchinsky se croûte gentiment. D’autant que les premiers épisodes du manga de Junji Ito qu’a essentiellement choisi de reprendre le réalisateur sont presque indépendants, simplement reliés par les personnages et le motif de la spirale... Ce qui fait en effet la richesse de l’œuvre de Ito tient dans la manière qu’il a eu de progressivement accélérer la désagrégation de la ville, de progressivement relier entre elles les différentes intrigues, de lui donner corps dans un rythme global. Cette construction, Higuchinsky passe complètement à côté en proposant quelque chose de relativement fidèle vis à vis des épisodes mêmes mais de très incomplet à l’échelle de l’œuvre globale. Son travail était donc voué à l’échec d’autant qu’il n’a pas forcément cherché non plus à adapter le matériau de base à son nouveau support. On se retrouve face à un récit qui ne tourne pas tant en rond qu’il fait du sur place et c’est assez dommage.
Si l’adaptation de Higuchinsky pêche en terme de narration, elle est aussi décevante sur le plan de la hargne et des visions d’horreur qui caractérisent le travail de Ito, parfois un peu gore mais surtout assez perturbant. La disparition de l’idée d’escalade et l’absence d’apothéose y est pour beaucoup mais on sent aussi un certain refus d’obstacle dans la mise en scène de certains passages (l’accouplement des hommes-escargots, l’absence de la forme finale du lycéen qui cherche à séduire l’héroïne en la surprenant etc.)
Au final, beaucoup d’éléments du film ne fonctionnent pas. Néanmoins, l’ambiance plutôt réussie, rend, elle, l’ensemble assez prenant. Si elle peut diviser, on sent toutefois une tentative intéressante de chercher comment traduire le trait nerveux et le côté graphiquement sombre, chargé et suffocant du manga de Ito par un traitement paradoxalement artificiel et lissé qui reposera essentiellement sur le travail de la couleur (bon et des incrustations de spirales en CGI dissimulées dans le décor pas spécialement heureuses). Higuchinsky propose une identité visuelle qui repose sur une gamme de couleurs désaturées assez glauque. La technique sera reprise ultérieurement pour les adaptations animées Junji Ito : Collection ou Maniac par Junji Itō : Anthologie Macabre qui jouent sur une certaine sobriété en termes de lignes et de décors et une palette de gris, de bruns, de tons clairs bleuâtres ou verdâtres.
Sur Uzumaki on est dans des gris vert assez humides, poisseux... que Higuchinsky complète occasionnellement d’expérimentations proches de celles d’Obayashi avec des jeux de superpositions, de scènes filmées devant des écrans verts ostensibles, d’animation de photos en image par image, de transitions étranges et l’utilisation, parfois, de bruitages cartoonesques... C’est curieux mais pas inintéressant.
Uzumaki est un peu maladroit, et très dispensable, c’est sûr, frustrant, aussi, pour celles et ceux qui ont lu le manga original, mais pas dénué de qualités, l’ambiance fonctionne plutôt bien, Ren Osugi est plutôt fun dans le rôle du père de Shuichi et quelques unes des idées maîtresses du manga font leur petit effet à l’écran...
Bonus
Enfant qui joue mal
Personnage > Agissement
Émotion | Regarde (avec tristesse/nostalgie) une photo de sa femme/son mari/sa fille/son fils
Interprétation | Porte la main à son visage dans un moment dramatique
Vie de merde | Vomit
Personnage > Caractéristique
Blues | Sa femme, sa fille sa mère ou sa sœur est morte
Personnage > Interprétation
Loose | S’évanouit exagérément
Regard incrédule
Réalisation
Écran partagé
Fin | En miroir du début
Grammaire | Ralentis injustifiés et insupportables
Gros plan | Chiffres des étages qui défilent dans l’ascenseur
Habillage | Placement de produits
Média | Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite
Ouverture ou fin | Voix off d’introduction ou de conclusion
Plan | Inserts d’images de caméscope/smartphone/d’écrans de télé/vidéosurveillance
Woosh | Mise en scène
Réalisation > Audio
Bruit exagéré | Accessoire
Bruit exagéré | Insecte(s) ou autre(s) bestiole(s) qui galope(nt), s’agite(nt)
Voix off | Pensées/commentaires de personnage
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Est éclaboussé·e par un fluide
Scénario > Dialogue
À voix haute | Se parle
Scénario > Ficelle scénaristique
Cauchemar | Se réveille en hurlant/en sueur/en sursaut
Scénario > Situation
Détresse médicale | Passages aux urgences
Thème > N’importe quoi
Accessoire | Gaspillage alimentaire
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Barème de notation :
Créée
le 11 oct. 2024
Critique lue 12 fois
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