V pour Vendetta : de la révolution chez les super héros !
Dans ce film , James McTeigue ressuscite de très belle manière le mythe du vengeur masqué.
Prenant pour contexte une Angleterre fasciste et totalitaire qui rappelle les plus belles pages de 1984 et les plus belles frasques d'un Mussolini, la population vit apeurée, en proie à l'oppression et la privation de toutes les libertés fondamentales.
Or au milieu de ce sombre constat, un homme se dresse, seul ...
Ses armes ? Rien moins qu'un bagout hors du commun, un sens de la mise en scène inattaquable, un don d'orateur capable d'envouter les foules, des tirades sorties tout droit des plus belles oeuvres de Shakespeare mais aussi et surtout sa détermination.
Partant de ce postulat de départ qui est, avouons-le, un peu pauvre, le film va par la suite et durant la totalité du long métrage, s'échiner a faire s'effondrer toutes nos certitudes.
Qui est réellement le mystérieux V ? Qui sont ses personnes qu'il assassine sans pitié ? Et surtout quel est le sens de cette triste et sanglante vendetta ?
Toutes ces questions (ou presque) trouveront bien sur leur réponse au cours du film, et si certaines peuvent sembler très conventionnelles, d'autres en revanches justifieront a elles seules un deuxième visionnage, tant elles s'avèrent déconcertantes... mais ne gâchons pas le plaisir !
Car du plaisir, ce film en procure assurément ! A commencer par ses somptueux dialogues.
En effet, chaque ligne de dialogue prononcée par V semble avoir bénéficié d'un soin tout particulier et ce, jusque dans les sonorités (amusez-vous a compter le nombre de mots qui commencent par "v" lorsque ce dernier se présente a Evey la première fois).
Mais V ce n'est pas que des mots, c'est aussi une gestuelle, et a ce titre Hugo Weaving est tout simplement bluffant !!
A l'inverse des acteurs muets d'antan, lui n'a que les mots et la gestuelle pour faire "vivre" son personnage (V porte un masque durant la quasi-totalité du film) et force est de constater qu'il s'en sort a merveille.
Quand V est en colère, cela traverse l'écran, quand il est triste, cela imprègne le spectateur, quand il rit, on rit avec lui.
Bref, rarement un personnage n'aura suscité autant d'empathie , et ce, sans que l'on ne voit son visage !
Cependant V n'est évidement pas seul, et bien que je ne puisse en dire trop sur le personnage d'Evey au risque de gâcher la surprise, je dirais simplement que c'est a ce jour, probablement la meilleure prestation de Nathalie Portman avec son rôle de Mathilda dans "Léon".
Outre les personnages, l'autre gros point fort du film est bien évidement son scénario, dont je me contenterais simplement de dire pour ne rien gâcher, que celui-ci nous réserve de très belle surprises tout en nous maintenant en haleine du début jusqu'à la fin.
Il n'était pas aisé d'adapter la BD d'Alan Moore tant le matériaux de base est délicat mais avec ce film on a affaire à un chef d'œuvre, tous supports artistiques confondus.
Bien que la plupart des thématiques anarchistes propres a Alan Moore aient été ici éludées, le film n'en demeure pas moins terriblement pertinent dans son propos.
En effet, la politique-fiction est un genre ardu, qui se transforme souvent en réquisitoire simpliste et naïf, pour ne pas dire démagogique.
Or ici James McTeigue fait preuve d'une subtilité extrême, maniant avec doigté les thèmes du fascisme ou de la xénophobie.
Bien qu'il doive beaucoup a l'infini talent d'écrivain d'Alan Moore (qui rapellons-le à également imaginé le génial "Watchmen"), ce film s'impose comme un "anti-blockbuster" prouvant pour la première fois que super-héros ne signifie pas forcément costume flashy, manichéisme exacerbé et thématique ultra naïve.
Bien des années avant Watchmen, et The Dark Knight, voila le premier film de super héros indiscutablement riche et mature et profond... On en redemande !!
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