Que ce film soit la référence des Anonymous et de pas mal de gens en général, ça supposait des grosses attentes de ma part. Or le scénar est d'une banalité... On peut même y voir des procédés anti-insurrectionnels : c'est à dire que se rebeller, dans tout ce film, c'est un truc unique, ça doit passer par un processus d'apprentissage non seulement ultra-dur mais vu dans dix mille films au par avant, genre tout le monde doit être "l'Élu". Il y a un mentor sans lequel Portman se porte très très bien (d'ailleurs est-ce que cette actrice a déjà été en contact avec un quelconque événement, personnage ? Son visage ne change jamais c'est un truc de ouf !), dans une dictature totalitaire à base de culte de la personnalité, à propos de laquelle tout nous pousse à dire "putain chez nous c'est moins pire". V aime les livres, la musique, la peinture, le Comte de Monte Cristo, sauf que chez lui c'est kitsch, fun, joli, on comprend pas pourquoi il fait tout ça (son histoire de vengeance bidon à laquelle on ne croit qu'à moitié n'est qu'une nécessité de scénario), tout simplement parce que cette cruche de Portman (le protagoniste par qui on est censé piger l'histoire) est larguée pendant tout le film, se fait balader dans l'underground en parfaite touriste et a les réactions d'un môme de sept ans. Enfin jusqu'à sa mystérieuse transformation, à partir de laquelle elle arrête tout simplement d'exprimer la moindre émotion et ne prononce plus les phrases que comme un automate désabusé, rôle qu'elle joue à merveille.
Bref si ce n'est l'embrouille politique qui est pas mal (ça fait penser à Ibsen), le speech de présentation de V qui est vraiment vernaculairement une véritable victoire de vivacité, deux-trois réflexions sympas mais trop peu exploitées sur le mensonge, et visuellement toute la fin avec la foule de masques, ce film est une daube complètement déconnectée de tout vrai sentiment de révolte, confortablement installée dans sa paisible structure hollywoodienne. Que les Anonymous placent ce machin à côté de l'Insurrection qui vient et du discours du Dictateur dans leurs principales références, ça fait mal, quoi.