Théoriquement descendant d’anciens rois d’Israël, les Falashas, ethnie Somalienne Juive fuyant guerre et famine, bénéficient de ce statut religieux pour émigrer en masse vers Israël dans les années 80. Réfugiés à mi-chemin dans un Soudan islamiste, dans des camps où les enfants tombent comme des mouches d’épuisement, de tortures, de maladies et de faim, ils doivent cacher leur foi s’ils veulent rester vivants et poursuivre leur exode. Une mère chrétienne saisit la redoutable opportunité et sauve son fils de 9 ans en l’intégrant dans un wagon juif, avant de lui donner les trois consignes du titre.
A partir de là le film raconte le parcours géographique, familial, psychologique, éducatif, social, professionnel et affectif d’un usurpateur d’identité durant les 20 années suivantes, contraint à l’excellence, et durant lesquelles il est cette fois vital de passer et de penser en juif. Adoption dans une famille francophone, écoles, synagogue, ostracisme religieux, racisme ordinaire, études, amours et crises permanentes de cœur et de conscience, les briques de sa vie finiront toujours vers l’espoir de revoir un jour sa mère naturelle peut-être encore vivante dans un camp au Soudan.
Loin derrière l’immense Lion de Garth Davis, et malgré son sentimentalisme un peu long et praliné, et sa série de clichés sur l’affligeant racisme banal, ce beau film franco-israélien reste une jolie saga sentimentale, journalistique, dramatique et sociale, nous faisant vivre et concevoir bien des situations analogues de par le monde par le prisme original de l’épopée d’un réfugié à la fois Noir, Africain et Judaïsant.