Réalisation moyenne..... mais sujet très très fort
D'un point de vue purement cinéma, je n'ai pas été convaincu par le film, la fin d'ailleurs, [spoil]...[/spoil], cette fin donc m'a déçu. A mon sens c 'est [spoil]...[/spoil] invraisemblable et surtout la finalité de son histoire, "devenir", c'est plutôt faire acte de résilience, et c quand [spoil]...[/spoil] bref il l'avait déjà sa fin....
/******* ATTENTION SPOIL EN SERIE DANS LA SUITE ************/
mais pas trop grave il me semble
Le coeur du film, avec ces 3 grandes thématiques:
- l'identité: comment elle se construit, se forge
- l'adoption: les rapports enfants/parents, la présence d'un tiers parent vivant
- le racisme: la peur de l'autre, les clichés, le regard de la société, le reflet de ce regard sur les proches
Au niveau identité ce film montre bien que finalement, même si nous avons des origines, notre identité se construit au cours de l'éducation. Salomon a fait du chemin entre le premier jour où il ne ne veut pas faire la prière à table et le jour du grand discours où il s'exprime sur des questions théologiques. Cette évolution, le développement de son sentiment d'appartenir à Israël est bien montré et elle est fortement symbolisé par son ambition de servir Tsahal en tant que médecin. On voit aussi qu'il est déchiré entre ses cultures, à être mieux pieds nus qu'en Nike ;-), à rechercher son passé avec sa vache.
Autre chose étonnante vu dans le film, on voit qu'il pense avoir le choix de ce qu'il est, mais en fait il ne choisit pas vraiment ce qui va le "constituer". Si il peut décider d'affirmer "être ou ne pas être", on se rend compte que chacun manipule pour l'amener à devenir Juif, notamment le chef des falachas qui sait qu'il n'est pas juif ainsi que le rabbin qui se pose peut de question quand Salomon lui parle spontanément de Jésus.
Bref dans ce film l'identité doit être un moment assumé "deviens!" et elle se construit par notre vécu (physiques et psychologiques) des choses.
L'adoption, peut de chose à en dire, si ce n'est qu'on "voit" les problèmes qu'ils peuvent poser. Je suis resté un peu sur ma faim, car c'est l'un des thèmes les moins traités (sur les 3) dans le film. Les questions sont évoquées mais restent sans réponse: "pourquoi n'appelle-t-il pas Yaël maman", certes nous, nous savons pourquoi mais si on voit bien que cela interpelle Yaël, on ne sait pas du tout ce qu'elle en pense, comment elle le vit. Pour son père (Roschdy Zem est magnifique) on sent comme un regret sur Salomon, mais cela semble vécu comme le regret d'un père pour son fils, donc tout est normal.
On a bien des étapes: la jalousie du fils, la curiosité malsaine de la grande-mère, l'acceptation totale et sans condition du grand-père, mais il manque vraiment la confrontation avec la mère. Surtout que c'est ce qui fait vivre Salomon et qu'en même temps il se sent dans sa famille puisque au kibboutz il explique que c'est SON grand-père qui a fondé ce kibboutz.
Cette contradiction qu'il vit: être partagé entre sa mère biologique et sa mère adoptive, si elle est évidente, elle n'est jamais "résolue" ou approfondie.
Donc petite frustration sur ce point, très légère parce que le film est chargé sur d'autres points.
Sur le racisme enfin, il a eu pas mal de passage vécu dans ce film, donc c évident que cela me parle: l'envie des gens de toucher un noir, de voir si la couleur ne part pas, le côté bête de foire, freaks, le fait que les parents d'élèves ont peur de l'enfant (perso petit personne voulait se battre avec moi, les mômes avaient peur car j'étais noir, comme quoi il y a des avantages) puis les craintes du beau-père (vécu aussi), bref on passe sur tous les problèmes du racismes et ceux malgré l'accueil formidable de sa famille
Bref au final, malgré quelques touches un peu trop pathos ou sentimental, malgré quelques questions sans réponses, le film porte des thématiques fortes et grâce aux jeux des comédiens, il est difficile de rester insensible à cette histoire.
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