"Ce soir on regarde Vaiana."
"Ha ?"
Je n'attendais RIEN du dernier Disney : tout au plus j'avais vu l'affiche et m'étais dit "ha, c'est rigolo, ça se passe dans le pacifique" mais ça ne m'attirais pas particulièrement plus qu'un autre film. Mais bon, pourquoi pas.
Et au final, je me suis supra-ennuyé devant ce Moana (heu... Vaiana) et j'ai vraiment eu l'impression de voir une formule toute faite se dérouler devant moi : une héroïne fille dégourdie qui cherche à s'échapper de son destin, ce qui est un peu la norme maintenant chez Disney. Pas que ce soit un mal (Dieu merci on a maintenant des personnages féminins dégourdis et plus complet qu'avant) mais au final entre la Petite Sirène, Mulan, Merida ou Judy on a parfois l'impression qu'elles sont faites dans le même moule narratif. Et notre héroïne fait une découverte, brave son destin (paternel) tout en accomplissant son destin (divin) rencontre un acolyte avec lequel elle est comme "chien et chat" (mais au fond, ils s'adorent), apprend de ses échecs, recommence et réussit finalement.
Déjà la recette est toute tracée avec sa formule en trois actes mais en plus elle est appliquée au premier degrés sans tenter rarement d'y déroger ou d'étoffer son propos. Je déteste les pseudo-critique de cinéma qui te disent qu'un "film doit obligatoirement comporter une formule en trois acte se terminant après un climax" : le nombre de films qui dérogent ou font varier ce canevas (qu'ils soient confidentiel ou tout public) est assez énorme pour qu'on arrête de trouver des excuses à une écriture mécaniquement paresseuse. Mais surtout bien des films arrivent à garder ce genre de structures et savent être totalement passionnant car ayant un propos enthousiasmant ou des personnages attachants (ex :Zootopia, par les mêmes studios, six mois avant.)
Je n'ai pas vu l'histoire se dérouler comme une histoire, mais comme une suite de "séquences" prédécoupés dans lesquelles je savais ce qui allait se passer.
Autre truc que je trouve gâché, c'est le deuxième héros de l'histoire : Maui a un côté "Prométhée" qui aurait pu être intéressant s'il avait été mieux exploité et qui est effacé par une volonté de rester dans les rails du buddy-movie : (Au début je parais comme un gros con, puis on voit mes faiblesses, je deviens un allié et un mentor et au dernier moment j'ai un côté "fuck it i'm outta there" qui me permet de revenir au moment où on s'y attendait le moins comme Han Solo lors de l'attaque de l'Étoile Noire.) En réalité on a un peu l'impression de voir un Hercule bis. C'est con, d'autant plus qu'on aurait pu s'attacher à la spécificité des mythes océaniques ou au lieu d'en faire une copie des mythes européens ?
Ma copine disait qu'elle était contente que leur relation ne débouche pas sur une romance ("au moins, c'est original") alors que pour moi, le chara-design des personnages suggérait "de facto" l'impossibilité d'une romance : Un personnage rondouillard et "costaud" ne peut pas être en couple dans un Disney avec un personnage plus fluet. Et la tonalité du film se prête plus à l'esprit d'une histoire d'amitié de toute manière.
Ah et je me suis fait chier devant les passages musicaux que j'ai trouvé eux aussi "totalement générique."
Mais malgré mon ennui, le film est loin d'être mauvais : Techniquement je n'ai rien à reprocher, le film a énormément de bonne trouvailles visuelles, notamment des effets de 2D sur certains chants ou sur le tatouage vivant de Maui. D'ailleurs dans ses gags, le film sait être ingénieux et m'a diverti : les pirates Kakamoras sont géniaux avec leurs visages dans des noix de cocos (sans doute le meilleur passage du film) il y a plein de gags visuels, de dialogues bien pensés (notamment un clin d'oeil méta sur les princesses Disney) et parfois le film désamorce des scènes super clichés en foutant un gag bien placé : (le personnage principal se présente mais à le vent dans les cheveux, Maui fait son mea culpa envers Moana-Vaiana mais il est bloqué sous forme d'un hybride mi-homme mi-requin et zozote) De plus le film possède un comic-relief qui m'a foutu sur le cul.
Le film d'ailleurs nous tease au début, un comic-relief dans la personne d'un petit cochon de lait trop mignon dont on se dit qu'il va être l'acolyte de l'héroïne afin de vendre des peluches. Et... au final, celui-ci disparaît du film au bout de 20 minutes et l'héroïne se retrouve avec un poulet attardé trop bête pour savoir picorer des graines sans qu'on l'aide. Un genre de bestiaux laid et stupide qu'il faut sauver sans arrêt et qui n'aura d'utilité qu'une ou deux fois dans le film (malgré lui.) Mais pourtant il traine là du début à la fin et les personnages "font avec." L'idée est géniale.
Un autre personnage, c'est l'océan lui-même, qui vient en aide au personnage sous la forme de vagues. Si dans le design c'est bien foutu et que ça offre d'assez bon gags, scénaristiquement le machin est une sorte de "Deus Ex Machina" perpétuel. On se demande d'ailleurs pourquoi l'océan veut que Vaiana garde une pierre magique, puisque celui-ci va lui ramener directement lorsqu'elle va la perdre ou pourquoi il ne la propulse pas directement vers sa destination. Oui, sans doute parce que l'océan veut qu'elle accomplisse les choses "par elle même" (aide toi et la mer t'aidera) mais j'ai trouvé que ça se justifiait seulement par un "ta gueule, c'est l'océan, c'est magique"
Vaiana se regarde mais le film aurait pu faire bien mieux avec un tel potentiel : le film aurait pu nous compter des légendes du pacifique inédites, être un film sur la notion de divinité ou être l'occasion d'une farce... il n'est jamais cela et roule gentillement sur ses rails sans jamais m'étonner. Dommage.