Inside the Actors Studio
Ce doc est une autobiographie de Val Kilmer qui s'est filmé quasi toute sa vie, quasi dés son enfance Car lui et ses deux frères passaient déjà leurs loisirs à refaire à la maison des films célèbres, comme dans le film 'Soyez sympas rembobinez' de Michel Gondry.
On verra notamment des extraits de leurs versions des 'Dents de la mer' ou Batman.
Le réalisateur déjà passionné, storyboarder, dessinateur était alors son frère, Wesley.
Ironique que des années plus tard, on apprend que Val jouera aussi en partie avec une version sweded de Marlon Brando (remplacé par un gros sosie qui s'appellera "Norm", sur le tournage de 'L'île du Docteur Moreau').
En anglais, ça s'appelle 'sweding' car des copies de films en version refaites sans moyen venaient à une époque de Suéde.
La maman de Val Kilmer vient du même Royaume, car norvégienne.
Mais alors, elle , elle n'est pas 'sweded' du tout,
tant Val Kilmer semble lui devoir sa beauté, sa gnaque, son énergie, et positivité etc.
On voit des photos et images.
Elle larguera leur père quand il sera infidèle. Et se remarie avec un habitant de l'Arizona qui l'amuse et la "traite bien": un des nombreux mini signes du destin ou mini coïncidences dans la vie de Val Kilmer car il joue(ra) dans 'Tombstone' sur les frères Earp et Doc Holliday en Arizona.
Elle meurt pendant la convalescence de Val Kilmer.
durant la deuxième heure du doc (que j'ai moins aimée et comprise que la première),
notamment sur le deuil de sa maman, le sort des cendres et sa nouvelle pièce consacrée à Mark Twain (les parallèles qu'il fait entre eux et leurs deux vies, m'ont un peu échappé à ce premier visionnage).
J'avoue avoir eu du mal à tout saisir ses propos car il articule peu ce cancéreux!
Même si l'idée géniale et déchirante du doc est que sa voix off n'est pas assurée par Gilles Lellouche ou Bertrand Dicale...mais pas son propre fils, Jack Kilmer, dont je réalise grâce à SC que j'ai aimé le film 'Lord of Chaos'. (qui se passe en Norvège).
Je ne visualise en revanche toujours pas ce Jack Kilmer dans 'Nice Guys'.
Destin et mini coïncidences:
La veille de la mort de sa mère et de son frère, Val Kilmer fait un rêve prémonitoire.
Juste avant qu'on lui offre soudain le rôle de Batman, il est dans un cave entouré de chauves-souris.
Il recroisera aux Etats-Unis, la femme dont il était tombé amoureux à Londres, au point de voir plusieurs fois sa même pièce de théâtre (mise en scène par l'alors moins connu Danny Boyle).
(amoureux aussi au point de la suivre au Pub...c'est l'actrice Joanne Whalley. )
Val Kilmer a été Ruiné par son père à son début de carrière,
puis Ruiné par un divorce sans accord vers la fin,
et est désormais Ruiné de nos jours par sa santé et incapacité à re travailler au cinéma.
A appris à être brave aussi car on apprend que son frère épileptique, Welsey, le réalisateur en herbes,
a eu une crise dans leur jacuzzi et s'est noyé,
à 15 ans,
donc une famille, certes riche et heureuse, mais très tôt endeuillée, comme beaucoup de familles.
"Qui ne sera plus jamais pareille".
Val s'entourera toute sa vie des dessins de son frère (un apparait dans un film).
Une heure plus tard, à propos de son père, sur des images d'eux en randonnée:
"after Wesley died, all my father's charisma vanished
and he became a detached and vacant version of himself"
ce passage déchirant et ciselé:
est superbe et universel;
c'est un avertissement utile à tous les spectateurs, c'est hors documentaire sur le cinéma,
et ça explique aussi peut-être la démarche
de Val Kilmer vis-à-vis de son fils, avant de possiblement mourir.
Et ça explique aussi sa gnaque à son combat.
Jean-Pierre Bacri n'avait pas d'enfant, est-ce pourquoi on apprend dans le doc récent qu'il se serait pas trop battu pour "gagner un peu de rab"?
Il a été diagnostiqué d'un cancer de la gorge, est en train de le battre mais il en a perdu sa voix.
Courageux toute sa vie, car il n'a pas aussi hésité à aller quémander des rôles auprès de réalisateurs qu'il aimait (on voit les parfois surprenantes cassettes VHS qu'il a envoyé à Scorsese quand il préparait
'Les Affranchis' et les cassettes multiples envoyées à Kubrick quand il préparait 'Full metal jacket', dont une, qu'il a même livrée lui-même en Angleterre, en prenant l'avion. En vain.
Sa gnaque et lobbying pour tenter d'obtenir des rôles rappelle Elsa Zylberstein.
Il fera pareille lorsqu'il entend parler du projet 'The Doors'. Avec Succès.
Avant d'obtenir le rôle, il apprend et joue des morceaux par coeur.
Jim Morrison écrivait avant de chanter, dont des poèmes.
On apprend que Val Kilmer écrit aussi, dessine et peint depuis son enfance.
Même s'il y a joué des pièces d'Euripide , d'Anton Tchékhov et de Shakespeare, il reste très insatisfait des cours de son Conservatoire (La Juilliard School ): il avait écrit un poème incisif et très pamphlétaire contre les profs, le contenu des cours et ses camarades.
Jean Pierre Bacri parlait des "cons de Cannois" ou de "vide sur deux pattes" au sujet de ses amis,
Kilmer traitait les siens de "phoney/bidon" etc.
(je ne l'ai pas copié mais le doc vaut le coup pour l'extrait où James Lipton, de l'excellente émission 'Inside the Actors Studio', lui fait lire ce poème.
Pas mal cette école: les étudiants pouvaient écrire leur pièce et la jouer. Kilmer et ses camarades de cours de théâtre avaient écrit leur première, basée sur "les mémoires d'un ancien militant de gauche Allemand" (How it all began? d'un Michael Baumann); je me demande si les auteurs ne veulent pas plutôt dire Bommi Baumann?
Après ses trachéotomies, et avec un canne, on le voit retourner dans son école de nos jours et regarder ses photos d'étudiants dans les locaux, et parler avec les profs et étudiants actuels:
ce qui rappelle le doc de Jean Pierre Mocky retournant au Conservatoire Français: '2 bis rue du' Conservatoire.
C'est assez courageux aussi de nous montrer même ses tout premiers essais.
Pas tous géniaux dés le début.
Beaucoup d'acteurs tentent de les interdire.
Il montre aussi des extraits de cours et conseils entre lui et son professeur Peter Kass (coach aussi de Faye Dunaway et John Cazale) et Kilmer finit par l'imiter de nos jours...
Kevin Bacon et Sean Penn montrent lentement mais surement, et bien bas,
leur jeunes fesses, à la caméra de Val Kilmer, dans les loges de la pièce de théâtre, "Slab Boys", qu'ils ont tous partagée...
et où Kilmer a d'abord joué un petit rôle, même si :
"il n'y a pas de petits personnages, que de petits acteurs"
En off de Broadway en 1983 (c'est lieu d'une sorte de festival d'Avignon mais permanent à New York)
Michael Douglas a aussi eu un cancer de la gorge: son premier médecin et spécialiste renommé avait manqué ce diagnostic, reculant de près d'un an , la découverte de la maladie.
La voix de Kilmer par le trou dans sa trachée, m'a rappelé Pierre Desproges en scène avouant qu'il était nul en imitations, sauf des membres de sa famille, ce qu'il sait ne sera pas reconnaissable par le public...sauf celle de son Oncle cancéreux, et on voit Desproges imiter son Oncle demandant à sa femme avec la voix de Val Kilmer, "une Gitane...SANS filtre".
Un très beau doc et informatif sur le métier d'acteurs dont on voit les coulisses courageuses quand l'acteur semble prendre ce métier très au sérieux, en être possédé, au point de rêver de jouer Hamlet, d'en répéter des scènes. Mais aussi d'inonder de questions et propositions les réalisateurs...Je crois que Christian Bale est aussi comme ça?
Pour son premier rôle au cinéma, alors "qu'il pensait faire du théâtre toute sa vie",
j'ai un peu l'impression que les réalisateurs lui ont fait un piège à la 'Diner de cons'?
Car il raconte qu'il a pris son rôle très au sérieux, qu'il a par exemple "mis quatre mois à apprendre à jouer à la guitare" , mais les ZAZ lui ont alors demandé "à la dernière minute de faire semblant avec un guitare" jouet!
Je me demande alors si ces Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker ne se sont pas un peu moqués lors du tournage d'un jeune bellâtre imbu de son rôle d'acteur, sortant tout droit de la meilleure école d'acteurs d'alors? (c'est 'Top Secret', pourtant drôle).
Courageux Kilmer car il se montre et ne se cache pas.(Olivier Rousteing de la maison Balmain, pourtant fan et avocat des réseaux sociaux, en a assez disparu après que sa cheminée explosant l'a défiguré).
Kilmer s'est aussi toujours filmé, bien avant l'arrivée des téléphones portables (ce qui prouve bien au passage que le narcissisme n'est pas l'apanage des générations actuelles mais aussi celles du passé, dont on a juste seulement pas assez facilité la tâche).
Eux aussi, se seraient pris en photos , en selfie toute le journée , s'il en avait eu la possibilité.
Kilmer montre son corps, fait entendre sa voix à la Stephen Hawking, ou voix de personnages Lynchiens,
il montre ses difficultés physiques lorsqu'il prend mal à une signature d'autographes à un Comic-Con.
Il parle de l'humiliation de vendre son image du passé lors de tournée à travers le pays.
Je conteste que ce soit humiliant. C'est un job.
D'autant qu'il le faisait aussi pour financer un film sur Mark Twain, qu'on lui espère faire...