Dans la continuité de la filmographie de Luc Besson, après le X-Men pseudo-intellectuel qu’a été Lucy, l’auteur des Nikita et Arthur et les minimoys se tourne vers une transposition au cinéma de ce qu’il a déclaré être une BD de sa jeunesse : celle de la bande-dessinée de science-fiction Valérian pour son Valérian et la cité des mille planètes. Bande-dessinée qui a servi de base d’inspiration à d’autres œuvres de science fiction (cocorico) mais dont le projet est longtemps resté en attente. Luc Besson a d’ailleurs déclaré que si il a pu mettre en route ce projet, c’est grâce aux travaux au niveau technologique de James Cameron sur Avatar dont on attend toujours les dates de tournage officielles.


Besson, c’est tout de même une riche histoire d’amour haine avec son public et les spectateurs. Ses films ne font pas forcément péter le box-office mais en tout cas, on se souvient quand même de bon nombre d’entre eux, en bien (Nikita, Le Grand Bleu, Le cinquième élément) comme en mal (Lucy, Arthur et les Minimoys 2 et 3, Angel-A). Sauf que depuis Jeanne d’Arc, Besson n’a fait que s’enfoncer un peu plus à chaque film en excluant le premier Arthur et les minimoys et peut être The Lady au passage. Ce qui ne l’empêche pas, dans une interview, de vanter fièrement les mérites de son dernier projet en date en clamant clairement que la BD a bercé son enfance.


Sauf qu’on a été nombreux à se moquer du film bien avant sa sortie lors de sa première bande-annonce en raison des nombreux plagiats qui pourraient presque donner un cas de conscience à Guy Ritchie et son Le Roi Arthur : la légende d’Excalibur (beaucoup citent Mass Effect et Star Wars mais Avatar, Jupiter Ascending et Star Trek aussi ont droit à leur réunion de famille). Le four qu’il semble récolter aux USA n’est pas des plus encourageant, et je prie pour qu’il s’en prenne plein la gueule pendant un moment parce que, désolé pour ma grossièreté mais cette adaptation de merde ne mérite que ça.


Pour paraphraser sur une critique américaine sorti récemment, Valérian et la cité des milles planètes : c’est une perle visuelle dans une énorme coquille vide. Une fois passé l’introduction présentant la rencontre entre les humains de la station spatiale Alpha (avec Rutger Hauer qui fera un passage de même pas une minute pour ne plus réapparaître) et les extra-terrestres (dont une qui me fait vachement penser à ceux du Cinquième élément) et une courte installation de la planète Mul et de ses habitants les Pearls, le film va faire poireauter son spectateur durant une bonne première heure au niveau de son scénario en présentant un duo de héros d’un niveau de tête à claque record et dont les dialogues bien mièvre vont nous faire rager intérieurement.


Valérian, qui était un agent trentenaire expérimenté, rusé, responsable et agile (du moins dans ce que j’ai vu dans le premier tome) devient ici un jeune adulte à la vingtaine d’année vaniteux, imbus de sa personne aux vannes débiles et qui a l’air d’avoir passé une très mauvaise soirée vu que Dane Dehaan a l’air d’avoir prit un verre de trop et semble prêt à s’écrouler par terre à tout instant. Quant à Laureline, la jeune femme rousse d’environ 24/25 ans posée et souriante, adroite, une partenaire de confiance et partageant une bonne amitié avec son partenaire se transforme ici en adolescente blasée et sarcastique insupportable piètrement interprétée par une Cara Delevingne qu’on aura très vite envie de baffer à tout bout de champ.


Si les deux principaux interprètes n’y mettent pas du leur et que les héros n’ont rien pour eux en plus d’une direction d'acteur inexistante, c’est déjà très mal parti. Mais quand on force une romance dés les premières minutes pour plaire au public élargi avec des dialogues digne d’un épisode des feux de l’amour, on ne peut pas s’investir pour ce qui leur arrive. Et chaque personnage que l’on rencontre nous décourage un peu plus : à l’image d’un Clive Owen fade et mal exploité en gros méchant prévisible, d’un Ethan Hawke transparent, d’un Alain Chabat qui fera un petit coucou avant de se présenter juste au moment ou il quitte le film (et dont le costume est… ben est ce qu’il est, je ne vois pas quoi ajouter de plus) ainsi que de têtes françaises dont on ignorera la présence pendant le visionnage.


Il faut attendre la fin de cette première heure pour un semblant d’histoire, mais même après ça avance à pas de tortue.


L'intérieur de la zone de contamination évoqué dans la première heure n’est dévoilé qu’après quarante minutes de péripétie qui ne mène nulle part (ok Luc, le spectacle de Bubble était très chouette mais si tu pouvais raconter une vraie histoire) pour un final aussi lent que stupide avec son lot de débilité scénaristique (non mais personne n'a pensé à déconnecter les robots du commandant après que le général ait appris que celui-ci avait fait prisonnier et torturer un Pearl ???) pour finir sur un happy end aussi mièvre que les dialogues entre Laureline et Valérian qui s'embrasse dans une capsule de sauvetage dans les étoiles.


Voilà le contenu de ce film : 90% de vide et de remplissage pour 10% d'histoire sur deux heures. Prenez une bonne dose de café, vous en aurez besoin !


Donc, écoute moi bien mon petit Luc : je ne suis pas ton père, parce que de papa on n’en a qu’un (tu peux demander à un autre Luke, avec un K et un E) ou deux selon que le couple est homosexuel ou non, et bien que je n’ai lu que le premier tome au moment ou j’écris ceci, laisse moi te dire cela.


Quand tu prétends adapter une BD de science-fiction avec laquelle tu as grandis et dont tu es fan : tu ne transforme pas l’adaptation d’une bande-dessinée de près de 50 ans d’existence en un énorme fourre tout qui n’a ni personnalité ni âme. La forte présence d’extra-terrestre dont un gros patapouf qu’on associe immédiatement à Jabba the Hutt, l’armure de Valérian associable à celle de Shepard dans Mass Effect, l’explosion d’une planète déjà vu et revu depuis Superman et Un Nouvel Espoir avec le même effet visuel lorsqu’une bombe éclate un vaisseau, les villes qui s’assemblent les unes sur les autres façon Doctor Strange et Inception, la chasse au dinosaure sous-marine pompé sur La menace fantôme, Star Trek dont la pièce virtuelle de plage qui fait légèrement penser à Star Trek Génération, Avatar avec la civilisation des Pearls proche de la nature, c’est incroyable on n’a jamais la sensation de voir une adaptation mais comme Le Roi Arthur : la légende d’Excalibur un concentré de culture populaire détruisant la moindre personnalité à cette production blockbusteresque franco-américaine.


Adieu les thématiques fascinantes exploitable comme la surpopulation, la surconsommation, l’égalité ou la discrimination entre espèce extra-terrestre, rien de tout ça ne sera présent et Alpha ne sera jamais vraiment exploité de l’intérieur puisque Luc Besson ne s’y intéressera pas plus que ça une fois la présentation générale effectuée lors de la première arrivée de Valérian et Laureline d’une mission secondaire. Mission sur laquelle on s’attarde plus d’une demi-heure pour aboutir à si peu, dont on n’évoquera que brièvement dans le dernier acte pour le relier et tenter de nous faire croire à une histoire complexe.


La seule chose qu’a le film pour lui est la qualité de ses effets visuels… près de 180 millions d'euros pour une énorme production française d’un vide interstellaire balancés à travers les fenêtres. La plus grosse production française pour une qualité visuelle indéniable mais au service d’une grosse imposture de près de deux heures.


Et au final, tout ce qui ressort de ce film ne m’inspire que deux choses. La première c’est du mépris, du mépris en voyant Luc Besson se foutre de la gueule du monde une fois de plus en prétendant aimer une œuvre mais sans pour autant la respecter ou même tenter de créer quoique ce soit autour d’elle. Et la seconde de la pitié à l’égard d’un cinéaste qui partait en début de carrière avec l’intention d’innover et de prendre des risques avec ce qu’il racontait, mais dont il semble vraiment ne rien rester maintenant. Bref, Luc Besson creuse son trou un peu plus profond avec cette adaptation d'une oeuvre de SF qui est surement à mille lieux de cette daube.

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le 26 juil. 2017

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