Valerian et le Cité des mille planètes est né d'une ambition folle. C'est quelque chose que l'on ne pourra jamais enlever à Luc Besson, car au fil des ans il s'est vraiment imposé comme un réalisateur qui ose. Même si le début du 21ème siècle ne lui a pas vraiment réussi car il a surtout osé faire n'importe quoi. Après un début de carrière atypique et vraiment réussi, il s'est un peu perdu quand il a voulu se calibrer aux productions américaines, production qu'il n'a jamais vraiment comprise ou réussi à imprégner de son style. Depuis Le Cinquième élément, son dernier film assez sympathique, cela fait 20 ans qu'il n'a plus fait de bon film. Certains sont plus regardables que d'autres mais il s'est enfoncé dans une spirale où son univers visuel est devenu de plus en plus générique allant jusqu'à plagier la concurrence et où ses scénarios sont devenus de moins en moins imaginatifs, allant aussi plagier la concurrence, et surtout de plus en plus crétin.


Il avait atteint le paroxysme de sa carrière avec Lucy, qui est sans aucun doute son film le plus méprisable et le plus nul par son manque d'imagination flagrant et son intellectualisation prétentieuse d'un concept ridicule. L'oeuvre est gênante sur bien des points mais à aussi étrangement renoué Besson avec un succès commercial qu'il n'avait plus vraiment connu depuis plusieurs années. Un succès qui lui a permis de voir en grand en voulant directement rivalisé avec le divertissement de masse américain. Adaptant une BD française avec des moyens de productions français, les plus gros jamais dépensé par l'Hexagone même si certains éléments ici et là ne sont pas tous made in France, il signe avec ce Valerian ce qui est son plus gros film et peut être même son premier "vrai" blockbuster. Par le passé, il avait déjà flirter avec la BD de Mézières et de Christin avec son Cinquième élément et il vient réaliser un film qui lui tient indéniablement à cœur au point qu'il en ai déjà envisagé une trilogie si ce premier opus trouve la voie du succès.


Mais les temps ont changés, le cinéma de Besson n'est plus ce qu'il était et l'homme à indéniablement changé lui aussi. Cela dit, le projet est suffisamment pleins de promesses pour qu'il intrigue et il faut reconnaître que sur certains aspects on note un léger mieux que ce à quoi le cinéaste nous avait habitué ces dernières années. Visuellement le film s'avère abouti, l'image foisonne d'idées plus ou moins bien digérées (on sent quand même très fortement certaines influences de la SF moderne) mais à le mérite d'offrir un patchwork qui fonctionne. Plus encore, Besson reconnecte avec ce "cinéma du look" qu'il affectionnait tant dans les années 80-90 retrouvant une imagerie plus spécifique qui donne l'impression que depuis longtemps on se retrouve enfin devant un "Besson movie". Le tout paraît assez kitsch et peut être même ringard maintenant mais donne vraiment une identité visuelle à l'ensemble, et c'est aussi servi par des effets spéciaux correctes qui donne une osmose entre l'ancien et le renouveau. En terme de mise en scène, des progrès sont aussi fait. En dehors d'un prologue cliché et agaçant au possible où on suit un personnage heureux d'être vivant et qui ne fait qu'agiter les bras dans les airs et se toucher le visage pour montrer qu'il est heureux d'être vivant, on plonge dans une séquence au côté de nos héros qui entreprennent une mission dans un marché virtuel. La scène est inventive, et utilise habilement le principe de la réalité virtuelle. Mais ce sera aussi le seul moment vraiment intéressant d'un film qui plongera en suite en pilotage automatique. Alors certes, on aura quelques plans séquences maîtrisés, l'action est lisible et bien découpée mais plus le film avance et moins il a d'idées pour faire vivre ses péripéties et surtout plus il tombe dans les séquences gratuites ou plagiées. La scène d'Alain Chabat (qui semble pourtant s'amuser) n'est pas sans rappeler une scène de The Phantom Menace par exemple et la séquence de Rihanna est gênante au possible.


Mais le film souffre aussi d'un problème de construction assez gênant, notamment lorsqu'il décide d'entré de jeu de nous présenter l'anéantissement de la planète des Pearls (race alien centrale à l'intrigue) enlevant tout suspense au récit car on en devinera instantanément qui sont les gentils et les méchants. Ce qui fait que lorsque l'histoire débute vraiment, aucune tensions ce dégage des scènes vu qu'on en sait déjà les aboutissants. De plus le film rejoue l'exposition autour des Pearls dans le 3ème acte comme si cela était une révélation alors que c'est quelque chose qu'on avait déjà vu au début. En faisant ça, non seulement il prend son spectateur pour une courge mais en plus avoir présenter la chose au début fait que durant cette scène il se tire une balle dans le pied car la révélation tombe totalement à plat. Mais c'est un problème qui va au delà de la construction du film, mais qui touche vraiment à son écriture absolument calamiteuse. Luc Besson prouve encore à ceux qui en doutait qu'il est un scénariste pitoyable, n'arrivant pas à raconter une histoire pourtant simpliste au possible. Il va tenter de cacher la maigreur de son fil rouge sous une couche d'expositions récitées comme si on était sur une page wikipédia mais aussi sous des sous-intrigues inertes et qui ne sont là que pour gonfler un scénario qui serait sans ça boucler en à peine 1h. Surtout que l'inutilité de ses intrigues est tellement apparente que ça en est presque malaisant. Elles n'ont que pour utilité d'étoffer un univers que Besson ne se donnera même pas la peine d'exploiter.


Il ne fait ici qu'un travail de surface, ce n'est ni subtil, ni bien mené car son univers aussi vaste soit-il ne paraît au final que prétexte à une toile de fond tandis que les personnages qui l'habite ne sont absolument pas développé. Le duo principal n'est caractérisé que par la pseudo romance qui les unis et ce pendant tout le film. L'enjeu majeur devenant même de savoir si le gros lourd de Valerian arrivera à conclure avec Laureline. C'est beauf, déplaisant à suivre et cela manque cruellement de vrais dangers. Jamais on à l'impression d'être dans un périple aventureux et palpitant, au final on est plongé dans une histoire déjà racontée avec des personnages qu'on a pas plaisir à suivre. Surtout qu'ils ne sont pas aidés par un casting totalement effacé ou juste mauvais. Alain Chabat et Ethan Hawke viennent réveillé un peu l'ensemble grâce à leurs cabotinage loufoques. Mais le pourtant très bon Dane DeHaan n'arrive rien à faire avec son personnage et semble un peu effacé tandis que Cara Delevingne et Rihanna prouve définitivement que ce ne sont pas des actrices et que Clive Owen surnage dans un rôle très caricatural. Et le comble c'est que Besson va même se séparer à la musique de son acolyte de (presque) toujours Éric Serra au profit de Alexandre Desplat. Serra était pourtant toujours la meilleure chose que l'on retrouvait dans les films de Besson, et il aurait peut être pu donner un peu de relief à certaines séquences ici. Car Desplat signe un score insipide et presque hors sujet qui se révèle aussi déplorable que le reste.


Valerian et la Cité des mille planètes est à l'image de l'enfer, pavé de bonnes intentions. Mais il faut plus que ça pour aboutir à un bon film. Cela dit, il y a quand même un léger mieux par rapport aux derniers films de Besson notamment en terme d'esthétisme et de mise en scène. Sauf que le tout est encore encombré d'un scénario déplorable qui démontre que Besson devrait envisager d'arrêter d'écrire ses films. Beaucoup trop long pour ne pas raconter grand chose, multipliant les impasses scénaristiques, ne sachant pas quoi faire de son intrigue ni de ses personnages mais aussi étant assez mal joué, Valerian et la Cité des mille planètes est donc un film dont il reste que très peu à sauver et encore moins à retenir. C'est pas aujourd'hui que le cinéaste va donc se réconcilier avec ses détracteurs et qu'il va nous resservir encore du bon cinéma. Mais l'envie de sortir le cinéma français de ses habitudes reste noble et pour ça le projet mérite un certain respect, c'est juste dommage que le tout ne suit pas et que le résultat se montre si mauvais.

Frédéric_Perrinot
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le 2 août 2017

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