Effet pygmalion

Souriez, you are great ! You are awesome !

C’est de la considération qu’on aimerait avoir. Ca me fait penser au gilets jaunes, ces gens qui n’en peuvent plus et qui se sentent exclus, qui ont l’impression que personne ne s’intéresse à eux. Des gens qui ont un immense besoin de reconnaissance, ici qu’on reconnaisse qu’ils souffrent et qu’on va tenter quelque chose pour les sortir de là. De la considération, les gilets jaunes, au fond, ne réclament que cela. L’impression d’être méprisés par les politiques. Les avantages des députés ne sont pas si énormes que ça, mais quand vous avez la tête sous l’eau et le sentiment que les politiques ne font rien pour vous, vous voyez cela comme des privilèges et du mépris pour ce que vous pouvez vivre.

Désolé, le film m’a fait penser à ça, mais il n’est bien entendu pas question de gilets jaunes dans ce court métrage de 2007, qu’il faut, comme beaucoup de films, voir sans rien savoir au préalable, pour profiter de l’effet de surprise. Alors jetez cette critique aux orties, et n’en retenez-en que l’idée que vous feriez bien d’aller voir ce film. Et plus vite que ça !

Vous le trouverez en VO ici : https://www.youtube.com/watch?v=Cbk980jV7Ao
et en version sous-titrée en français ici (mais de moins bonne qualité) : https://www.youtube.com/watch?v=h7SYfQOVcRM
et ici : https://www.youtube.com/watch?v=mYkNZ_8_4V8&t=392s (deuxième partie)

Maintenant que vous avez vu le film, si vous êtes disciplinés, on peut en parler, rapidement : bien sûr, tout ça n’est pas extrêmement crédible, mais on y croit quand même. Si on ne parvient pas à croire un peu face à un film, il vaut mieux arrêter d’en voir ; alors oui, aussi improbable que ça puisse paraître, on adhère à ce que parvient à faire le personnage principal, on y adhère tout simplement parce qu’on a envie d’y croire, parce que c’est une belle histoire et qu’on aimerait bien que ça puisse marcher dans la réalité, qu’on puisse sortir aussi facilement de la morosité dans laquelle nous nous enfermons parfois.

Le pouvoir des mots, il ne faut pas le sous-estimer. Pour ma part, je crois beaucoup à l’effet pygmalion : même s’il ne faut pas le surestimer, c’est un outil qui peut permettre de belles choses, car il donne confiance aux gens qu’on encourage, qu’on complimente, qu’on félicite. La confiance, comme la considération ou la reconnaissance, on n’en a jamais assez, alors en donner aux autres, ça me paraît fondamental, c’est un bon point de départ dans la construction d’une relation, quelle qu’elle soit. Dans ce film, les mots font des miracles, et s’il est agréable de donner du bonheur aux autres, la morale du film est que cela ne suffit pas, qu’il faut aussi qu’on nous en donne, sinon on ne tient pas la route. Ah, l’amour, comment peut-on vivre sans en recevoir un peu ?

Le film évoque aussi la question de la photographie et de notre identité qu'elle imprime sur des papiers ou des documents officiels : on ne peut plus sourire sur les papiers d’identité. Ainsi, notre identité, résumée par une photo, nous réduit à être représentés comme des personnes sérieuses, à l’air triste, et nous enfermerait dans un monde triste. Le film montre au contraire qu’il faut lutter contre la perte de liberté, qu’il faut des couleurs, et qu’un simple sourire peut faire énormément de bien, et qui sait, des miracles.

En tout cas, j’ai ressenti devant Validation ce que certains évoquent au visionnage de La vie est belle de Capra (mais qui ne marche pas pour moi) : du bonheur. Ce film, même s’il est court et que nous reprenons nos activités normales après l’avoir vu, ce film nous transforme un peu, il fait un bien fou et, je pense, laisse une petite marque indélébile en nous, nous fait réfléchir et nous incitera peut-être aussi à penser à ces petits gestes du quotidien qu’on délaisse parfois, le petit sourire à la caissière, au voisin, à l’enfant, le petit geste de solidarité qui montre à l’autre qu’il existe.

Bref, ce film, c’est de l’or en barre. Un film qui t’amène le sourire, la vie est belle !