Il faut reconnaître que bien des éléments étaient alléchants dans ce projet singulier : les retrouvailles de deux sommets du cinéma français 30 après, un décor américain et un pitch singulier, flirtant avec le fantastique.
Dans cette vallée de la mort tellement cinégénique, qui nous renvoie aux délires psychédéliques d’Antonioni dans Zabriskie Point ou la fascination plastique de Dumont et son TwentyNine Palms, Depardieu et Huppert cherchent donc des traces de leur fils, leur ayant donné un rendez-vous posthume.
Une musique dissonante, des contrastes de photographie entre des intérieurs trop sombres et une implacable clarté extérieure mettent en place une atmosphère singulière et intrigante. Sur le fil entre le fantastique et le film d’auteur à la française, le film a dans un premier temps la bonne idée de ne pas trancher. Les thèmes de la culpabilité, les informations disséminées progressivement sur les manquements des parents et le parcours du fils exilé forment un étrange équilibre.
Mais tout ceci ne semble qu’ébauché. Le véritable sujet du récit semble à l’image de Depardieu : un ventre mou. Difficile en effet de faire abstraction des deux stars, tant ils sont de tous les plans, tant leur statut de touristes et leur quête saugrenue fait d’eux des exceptions. Huppert fait dans ce registre qu’on lui connait, avec cette insolence sans âge qui transforme ses croyances folles en quasi évidences. Depardieu, énorme, s’exhibe, essoufflé, et la personne l’emporte largement sur le personnage.
Certes, Nicloux cherche à définir une dynamique et distille des indices du plus en plus prégnants du fantastique, comme une tête de chien dans un sac, des brûlures étranges ou une apparition d’un être difforme qui nous renvoie à l’univers lynchien de Twin Peaks. Mais tout ceci manque considérablement d’épaisseur, et même si l’émotion finit par poindre, on se demande bien à quoi tout cela rime en définitive. Vague et vaine dissertation sur la famille et le couple, poème élégiaque légèrement inepte, Valley of Love est à l’image de son titre : sa naïveté l’emporte sur ses possibles intentions cachées.
(5.5/10)