Liaisons extra-dangereuses

En adaptant "Les Liaisons dangereuses" sous le titre de "Valmont", Forman ne fait pas que se distinguer pour le plaisir, il annonce son projet : c'est ici davantage le portrait d'un homme - lequel n'est pas monolithique - dont il est question que d'une histoire de libertins retors. Alors il y a les défauts des qualités et vice et versa n'est-ce pas... À commencer par le fait que Merteuil soit un personnage faible (au sens dramatique), dont on perd le sens. Mais l'avantage, c'est qu'il y a de l'humour (ce qui n'est pas évident dans ce contexte assez noir à l'origine, reconnaissons-le, et qui se trouve ici humanisé). Et qu'on s'attache diablement à ce Valmont qui devient, avant la lettre, une sorte de romantique déçu. Voilà pour le dire avec un semblant d'objectivité. Sinon, on a tous des raisons très personnelles - à peine avouables parfois - pour aimer ou ne pas aimer une œuvre. Ici, je craque pour la bonté rusée de Madame de Rosemonde, et, dans le registre confessionnel, Meg Tilly incarnant la Présidente de Tourvel restera l'une des grandes passions de ma vie, si bien que je pourrais regarder en boucle la scène de danse avec Valmont chez Mme de Rosemonde (que de magie dans la passion contenue tu nous fais perdre, Tinder !). Ah, j'oubliais, la BO est très bonne, ce qui est rarement le cas dans les films en costumes où l'on nous inflige la plupart du temps soit de la musique dite classique sans discrimination (j'entends, qu'elle ait été écrite cent ans avant ou cent ans après le temps de l'histoire), soit de la musique de notre temps (pourquoi pas, mais dans ce cas, pourquoi soigner les fanfreluches si on se fiche de la vraisemblance auditive ?), soit enfin du André Rieu. Ici, c'est du André Rieu intelligent (si une telle chose est possible). En somme, une adaptation infidèle, très valable dans son genre.