Je ne sais pas pourquoi, peut être bien était ce du à un élan frénétique de notation dans le but —j’ai honte— d’obtenir le badge “Mitraillette“, mais j’avais dans un premier temps noté ce Kawajiri d’un petit 6, probablement aussi par fainéantise intellectuelle ; bref, rien de très glorieux, et heureusement que @DrunkenBastard est venu me gronder un peu, sinon je ne me serais pas aperçu de mon erreur.
Mais comment ai je pu noter ce Vampire Hunter D d’un 6 réducteur quand j’octroie un généreux 7 à Wicked City, pourtant bien loin de la maîtrise technique et artistique qui chatouille ici les pupilles. D’autant que là je suis sûr, souvenirs vagues ou non, que cet opus du Dunpeal D est largement supérieur à celui de 1985 signé Ashida, lui aussi noté 6, de façon plus légitime.
Car oui, Kawajiri atteint sur ce film un niveau bien au delà de ses précédentes réalisations. Avec une caméra plus fluide et mouvante que jamais, on est loin de la rigidité proche des productions TV fin 80’s (qui ont leur charme, attention) de Wicked City. On salue l’emploi heureux de CGI discrets, une animation soignée, et un character design plus fin et respectueux du travail de Amano, au sommet d’un style qui semble trouver son apogée.
Le récit est simple et linéaire, mais le traitement est plus qu’efficace. D’abord parce qu’artistiquement on s’en prend plein les mirettes, puis parce que Kawajiri n’oublie pas de soigner l’ambiance gothico-baroque tout en gérant un rythme soutenu. Mythe du vampire, touches de western, notes de science-fiction plutôt bien intégrées à la gamme, duels toujours influencés par l’esthétique chambara, violence sanguinolente, héros charismatique, tout ça pour vous accompagner le long d’une histoire sombre se terminant dans une apothéose visuelle (le château de la comtesse Carmilla) et musicale (le score de D’Ambrosio, dantesque) rarement atteinte dans le genre.
J’ai particulièrement aimé l’idée assez romantique de la fusée autrefois présente dans toutes les demeures vampires, censée les amener jusqu’à la Cité de la Nuit, sorte d’Utopia, symbole du passé glorieux et emprunt d’amour d’une race sur le point de s’éteindre. Dommage qu’elle n’ait pas été plus exploitée.
Quoi qu’il en soit on reconnaît bien là le désir du réalisateur d’instaurer cette once de romantisme en filigrane, et représenté encore une fois par un couple métisse ou interdit, qui caractérise la plupart de ses œuvres.
Son Vampire Hunter D est un régal pour les yeux et les oreilles, apaisant par la même la soif de l’amateur d’action. Animé ou pas, voilà probablement un film qui prouve que faire dans l’exploitation n’est pas incompatible avec rigueur artistique.