Mon petit binoclard. Je vais t'apprendre quelque chose sur les mortels. Je suis né de la folie et de l'ego surdimensionné des hommes. Dans le fond, nous ne sommes guère différents. On en revient toujours à la loi du plus fort.
Higanjima, le village maudit
Vampire Island est une oeuvre que j'ai découverte avec beaucoup de curiosité en tant qu'adaptation cinématographique du manga "Higanjima", un Seinen d'horreur efficace signée Kōji Matsumoto, mais aussi parce qu'il est réalisé par le cinéaste coréen Kim Tae-Gyun, responsable d'une de mes madeleines de Proust avec le génial "Volcano High". Un film de vampires prometteur qui démarre fort et qui au fur et à mesure s'enfonce dans un cheminement regrettable avec une configuration qui va à tous les niveaux alterner des éléments positifs avec des corps négatifs. Un résultat bâtard perturbant qu'on ne peut que regretter tant le potentiel est présent. Le récit nous plonge dans une ambiance horrifique prenant sur une île perdue où Miyabi (Koji Yamamoto) un vampire original sème la terreur après avoir annihilé une partie de la population locale. Seul une poignée de résistant tient bon avec à sa tête Atsushi (Dan Watanabe), un formidable sabreur directement responsable du retour du vampire. Rei (Asami Mizukawa) une habitante prend le large pour tenter de trouver des renforts ce qu'elle trouvera auprès d'Akira (Hideo Ishiguro), le frère cadet d'Atsushi qui va accepter de la suivre sur l'île accompagné de ses potes de lycée. Une histoire sur la forme alléchante ayant la réussite de plonger les personnages dans un climat oppressant par le biais d'un survival horror engageant où chacun va devoir lutter pour rester en vie. Le problème vient du fond qui empile les invraisemblances. On se demande où se trouve la logique en ramenant une bande de lycéens pour lutter contre des vampires. Un groupe d'amis qui semble bien loin d'avoir mesuré les terribles épreuves qui les attend. Si bien, qu'ils partent au front sans armes. Simplement animé de bonnes intentions. Une fois arrivé sur l'île on ironise de la situation en laissant échapper : "Ok, vous êtes arrivé, et maintenant vous allez faire quoi ?"
Une situation me faisant penser à Aliens le retour de James Cameron, lorsque Ripley annonce au commandant que ses marines lourdement armés se situent dans une zone explosive, survient alors aussitôt une interdiction d’utiliser les armes à feu, à quoi répond un des soldats :
« Et qu’est ce qu’on fait si une bestiole nous fonce dessus, on lui crache à la gueule ? »
Un constat que va lourdement subir le groupe en se faisant rapidement capturer pour finir dans le garde manger des vampires.
Le film souffre d'un rythme mal géré avec une surexploitation de séquences mélodramatiques qui aurait pu être retirée du récit sans pour autant nuire au développement des protagonistes. Des personnages incarnés par une distribution sympathique mais irritable entre Akira, incarné par Hideo Ishiguro, qui ne cesse de geindre, et ses potes décidément inutiles malgré un sympathique couple non essentiel à l'intrigue avec Yuki (Miori Takimoto) et Ken-chan (Tomohisa Yuge). Seuls Atsushi par Dan Watanabe et Rei par Asami Mizukawa captent l'attention face à un antagoniste principal difficile à juger avec Miyabi. Koji Yamamoto sous les traits du vampire roi offre une proposition qui ne manque pas de personnalité et d'originalité. Un grand méchant surpuissant auquel se greffe quelques séquences horrifiques particulièrement bien pensées, comme lors de son premier abreuvage lors de sa libération, ou encore lorsqu'il s'accouple tout en se nourrissant de Rei. Un suceur de sang bizarrement vêtu entre une tenue traditionnelle en kimono blanc convaincante et une autre tirée d'un costume d'une vieille noblesse bourgeoise qui passe pour un simple cosplay. Un vilain charismatique pas très futé qui passe son temps à regarder sans interagir avec les personnages principaux qu'il aurait pu éliminer plus d'une fois s'il se serait bougé. En matière d'action le film n'est pas en reste en proposant des scènes spectaculaires regrettablement desservies par une réalisation approximative usant de cadre trop serré sur une caméra tremblante via une image trop sombre qui fait qu'on ne comprend pas tout ce qui se passe à l'écran. Une approche dérangeante qui heureusement trouvera une amélioration lors du final qui laissera place à un ultime duel particulièrement convaincant. Niveau bestiaire, Vampire Island n'est pas en reste avec des vampires plus coriaces qu'à l'habitude, étant insensibles au soleil, à l'ail, au crucifix et autres prières. Ne reste que la décapitation. La morsure ne condamne pas l'humain à être un vampire tant que celui-ci ne partage pas son sang. S'ajoute une gargouille géante, dont une sorte de harpie incube vampire que les effets spéciaux très moyens n'aident pas à rendre plus crédibles. Un apport horrifique non négligeable autour des créatures sur une atmosphère réussie contre-balancée par un apport kitsch dû à certains choix néfastes.
CONCLUSION :
Vampire Island de Kim Tae-Gyun, est un film de vampires avec du potentiel qui malheureusement ne parvient jamais à réellement s'envoler ni à sombrer restant sur une ligne de conduite constante conciliant le bon et le moins dans un parfait jeu d'équilibriste. Reste une oeuvre bâtarde qui trouvera du soutien du côté des afficionados fan de manga pas trop regardant sur la forme ni le fond tant que le divertissement est là, mais trouvera des détracteurs pour ceux en attendant bien plus.
Mi-figue, mi-raisin.
Que tout ceci devient intéressant tout à coup, enfin quelqu'un de capable.