Cet ovni cinématographique a eu la reconnaissance artistique qu'il méritait lors de la très réputée Nuit Excentrique, édition 2010.
Remonté, bricolé, ressorti en salle sous les titres les plus grotesques (Vampire men of the lost planet, Space mission to the lost planet ou encore Horror of the blood monsters...), ce film est une expérience rétinienne unique en son genre.
Il est judicieux de préciser la terrible tare de naissance de ce nanar de sang royal, origine première des absurdités qui s'offrent à nos petits yeux écarquillés durant 85 longues minutes.
Ce film est en fait multiple.
Pour faire la version courte, un producteur américain fâché avec les droits d'auteur, Al Adamson, tombe un jour sur un film d'aventure préhistorique philippin (ça commence fort hein !). Il décide d'y ajouter quelques scènes pour américaniser le tout et direction le Drive-in. Sensible aux modes de son époque, Al ajoute de la SF et des vampires. Oui, des astronautes américains, des vaisseaux spatiaux, des cro-magnons philippins et des vampires dans un même film... ce qui s'appelle du potentiel nanar. Et encore vous êtes loin d'avoir tout vu...
Vous vous y attendiez, les raccords entre les différentes intrigues sont complètement rapés du début à la fin et le speech le plus consistant serait de cette mouture :
"Face à la menace des vampires aux canines en plastique et assoiffés de sang ketchup des quartiers chauds qui menacent de détruire le monde, la NASA décide d'envoyer une expédition sur leur planète d'origine. Sur place, nos astronautes factices suivent du regard l'affrontement de deux clans de guerriers philli...extraterrestres et des documentaires sur les varans avant de rentrer à la maison"
Abordons l'un des éléments du génie maléfique de ce film, le bien nommé Spectrum X. Al Adamson veut de la couleur dans son film, malheureusement sa source philippine n'est qu'un N&B. Qu'à cela ne tienne, en avant les filtres ! Toutes les couleurs possibles se succèdent à l'écran sans prévenir pour nos petits yeux, eux bien rouges. Une scène d'anthologie se charge de la justification scénaristique, symbole phallique à la clé...
Quid de la faune et de la flore locales ? La bande de philippins, menés par un Mister Muscle local courent à travers la jungle et tapent gaiment des asiatiques avec des griffes improvisées. Le package comprend aussi son lot de dinosaures, d'hommes-homards et hommes-chauve-souris. Face à tant d'adversité, nos astronautes américains se la touchent grave. A aucun moment, ils ne viennent aider les philippins du film d'en face, préférant mater depuis une dune en fumant. Apothéose du mode tire-au-flanc, nos astronautes trouveront ce qu'ils sont venus chercher par hasard à 3 minute de la fin.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce phénomène paranormal mais laissons un peu de surprise pour l'"heureux" spectateur qui viendrait à s'égarer devant ce spectacle affligeant mais ô combien sympathique.
PS : compte tenu des délais actuels, pensez à prendre rendez-vous chez l'ophtalmologiste avant le visionnage de la pellicule.
Source : Nanarland