Finalement, le quotidien d'un vampire en ce début de vingt-et-unième siècle ne diffère pas totalement de celui du premier branleur venu. Les principales activités de ces deux espèces consistant à dormir toute la journée, à sortir le soir à la recherche d'une donzelle (si possible vierge), à se taper dessus avec une bande rivale (ici des loups-garous particulièrement sensibles), à se fringuer selon la dernière mode (plus compliqué pour un vampire de 8000 ans) et à s'acclimater à la vie en coloc.
S'inspirant de leur sympathique court-métrage du même nom réalisé en 2005, les néo-zélandais Taika Waititi et Jemaine Clement en reprennent le point de départ, les personnages principaux, la forme du documenteur et même quelques vannes. Si l'on perd du coup l'effet de surprise, les créateurs vont pousser bien plus loin le concept d'un court tourné entre potes avec des bouts de ficelle.
Version sanguine et décalée d'un épisode de Strip-tease, What we do in the Shadows est un concentré d'humour absurde qui fait un bien fou, totalement con et franchement drôle, s'articulant autour d'une bande de bras cassés aussi couillons qu'attachants. Incarnés par une troupe de comédiens au sommet de leur art, ils font tous mouche, du premier au plus petit rôle, mon affection allant au démentiel Petyr (incarné par Ben Fransham), croisement entre Nosferatu et le Kurt Barlow de Salem's Lot.
Bien qu'accusant une petite baisse de régime à mi-parcours, What we do in the Shadows est une franche réussite, alliant humour, décalage, poésie et même mélancolie avec une efficacité redoutable. Court, bien foutu, bourré de séquences amenées à devenir cultes et porté par un casting royale, What we do in the Shadows est le remède parfait contre la morosité.
A noter que pour sa sortie tardive (le film a été tourné en 2012 mais montré à Sundance qu'en 2014), le film à bénéficié en France d'un doublage controversé supervisé par Nicolas et Bruno, le duo responsable de la délirante série Message à caractère informatif.