Je vous avais déjà fait rêver il y a quelques mois avec un premier film de vampires russe répondant au doux nom de Nightwatchmen : Les Gardiens de la Nuit (2016). Un film visuellement très agréable mais ne faisant preuve d’aucune originalité et d’une prévisibilité sans faille. Comme je suis un peu maso, je me relance dans un autre film de vampires russe sorti l’année suivante, Vurdalaki. Oui, je suis un guedin, je suis prêt à tout. Et vous savez quoi ? C’était tout moisi ! Alors visuellement, lui aussi est très beau. C’est à coté que ça pêche. Que ça pêche vraiment beaucoup. Et comme je suis vachement sympa, je vais essayer de dissuader ceux qui tomberaient dessus par hasard de perdre leur temps à regarder cette bien belle purge qu’est Vurdalaki, sortie aussi en fonction des pays sous les titres Ghouls ou encore Vamps.
Adapté d’une nouvelle de Aleksei Tolstoy, il va être question ici du retour d’un vampire légendaire qui, parce que toutes les conditions sont requises, va essayer de devenir un Moroï. Vous ne savez pas ce qu’est un Moroï ? Heureusement, le film est là pour tout nous expliquer. Le Moroï est une créature mi vampire, mi humain. En gros, elle a les pouvoirs des vampires mais ne craint plus la lumière et peut donc agir de jour comme de nuit. Et comme de par hasard, c’est ce que veut devenir le grand méchant du film, histoire d’être, et là je cite parce que c’est super original, le « roi des vampires » ! Hey, ça claque comme scénar ou bien ? Ça ne s’est jamais vu, n’est-ce pas ? Et dites-vous qu’ils se sont mis à quatre pour pondre ça. Peut-être que quatre cerveaux imbibés de vodka équivalent à un seul vrai cerveau. Ah les clichés sur les Russes…
Bref, et donc Vurdalaki est visuellement très joli. La photo, les couleurs, les plans, le cadrage, … C’est une qualité qui revient souvent dans le cinéma russe, et même en termes de CGI, le film s’en sort plutôt bien si on prend en compte son budget quand même pas extraordinaire (environ 2.6M$US). Le côté historique est plutôt bien retranscrit, tout du moins en termes de décors, car pour le reste … voilà voilà … Tout le reste, absolument tout le reste est raté. Voire même bâclé. Un peu comme si dans un jeu vidéo, les créateurs avaient tout misé sur les graphismes et avaient laissé de côté le scénario, le design des personnages, l’enchainement des chapitres, la jouabilité, … Oui, c’est rigolo cinq minutes, et après ça a tendance à nous énerver.
Tout d’abord les acteurs. Ah, les acteurs. Je passe une annonce à ce propos. Les acteurs ont perdu leur charisme. Si quelqu’un le retrouve, qu’il se signale immédiatement. Ils sont tous beaux, tous propres, avec leur sourire Colgate et leur coupe L’Oréal parce que je le vaux bien. Et ce héros, le petit minet aux cheveux frisés qui nous fait immédiatement penser à un petit mouton, pas crédible pour un sou. Ah, pire encore, le grand méchant vampire, il fait sincèrement peine à voir avec son magnifique pantalon en cuir. On a l’impression de voir, vous savez, ces vieux acteurs botoxés qui peinent à bouger dans ces soaps façon Les Feux de L’Amour. Bon, d’accord, Aglaya Shilovskaya est absolument superbe, c’est un plus pour le film. Mais outre le charisme, c’est leur jeu de manière générale qui sonne faux. Je ne comprends rien au russe, mais même sans comprendre, on a cette désagréable impression que c’est récité. Ça joue mal, mais ça joue mal ! Ca ne dégage rien, aucune émotion, que dalle.
Tout dans Vurdalaki est téléphoné, avec des raccourcis scénaristiques ou des facilités sur l’histoire afin d’aller plus vite et de ne pas s’emmerder avec les détails. On voit tout venir à des kilomètres au point que ça devient même presque un jeu d’essayer de deviner ce qu’il va se passer dans la scène suivante. Rah, et cette amourette à deux balles. Et ces flashbacks larmoyants… Et le pire de tout dans tout ça, c’est que malgré la très courte durée du film, 1h23 génériques compris, on s’ennuie. Dans la première heure, il n’y a pas vraiment de scène d’action. Une attaque de chauve-souris numériques où les participants se contentent d’agiter les bras pour les faire fuir ; un combat au sabre de 40 secondes monté avec les pieds, et c’est tout. Le film s’excite un peu à la 57ème minute où on nous promet un combat à trois contre des centaines de vampires suivi du combat de fin contre notre grand méchant vampire qui, je suis sûr, aurait pu jouer dans Amour, Gloire et Beauté. Mais là aussi, on est proche du néant. Aucune intensité, montage catastrophique. Et là on remarque qu’on est en train de regarder un film de vampires et que depuis le début on n’a pas vu l’ombre d’un croc. Ah oui, on n’était pas à l’abri d’un final ridicule. Et effectivement, non, on n’était pas à l’abri. Digne d’un film pour midinettes. Lamentable.
Prenez tout ce qu’il ne faut pas faire dans un film de vampires. Mettez tout ensemble. Secouez bien fort. Et bim, vous obtenez Vurdalaki, une bonne grosse daube made in Russia qui nous fait relativiser sur son homologue sorti un an avant, Nightwatchmen : Les Gardiens de la Nuit.
Critique originale : ICI