Il est difficile de parler de Vanishing Time sans risquer d’omettre une dizaine de choses – tout en vous évitant les spoilers – tant ce film est complet. Vanishing Time raconte l’histoire d’une petite fille qui, de situation traumatisante en situation traumatisante, se construit un univers protecteur. Un peu à la manière du Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro, on est transporté dans l’imaginaire de l’enfant. La vision des adultes nous est rappelée par touches de faits et l’avancée de l’enquête policière. Mais il faut avouer qu’on préfère rapidement la réalité si belle que nous propose Soo Rin.
Car c’est une belle histoire d’amour que celle de Soo Rin et Sung Min que la malédiction du gobelin sépare dans le temps. Vanishing Time se place ainsi aux côtés d’autres films comme L’étrange Histoire de Benjamin Button de David Fincher. Mais il apporte une touche en plus. Le fond sombre de son scénario, portant sur la disparition des enfants, parvient à nous empêcher de plonger entièrement dans la version de Soo Rin. Parce que nous avons un regard d’adulte. Et même en y accordant toute notre bonne foi, le doute demeure. C’est la magie que Vanishing Time parvient à opérer.
Sur le plan cinématographique, Vanishing Time est une pure merveille. Les contrastes de l’image mettent à l’honneur des décors bien faits. Le travail de l’accessoiriste est, au passage, incroyable. La maison abandonnée et la grotte vous emporteront dans les imaginaires de votre propre enfance. De nombreuses scènes et angles de caméra viennent discrètement pasticher des films comme les Goonies.
Pourtant ce qui est le plus impressionnant dans la réalisation, c’est la manière dont les jeunes acteurs ont réussi à interpréter leurs rôles. Shin Eun Soo et Lee Hyo Chae sont fabuleux ! À tel point que je souhaitais personnellement les voir plus longtemps jouer ensemble à l’écran. Leur jeu commun parvient même à éclipser Kang Dong Won. On frissonne aux pommettes de Lee Hyo Chae (Sung Min enfant) qui rougissent de son amour d’enfant envers Soo Rin. On s’attache d’autant mieux à cette part de l’enfance retrouvée grâce à ces deux personnages que le réalisateur Uhm Tae Hwa nous transporte dans leur monde, qui fut le nôtre il y a fort longtemps.
Si Uhm Tae Hwa reconnaît s’être nourri de beaucoup de sources cinématographiques et littéraires fantastiques pour réaliser son film, celui-ci reste une pure merveille qui donne de grands espoirs pour ce jeune réalisateur. Le film, par un concours de circonstances (il est sorti pendant les manifestations pour la destitution de la présidente Park) et l’appétence des Coréens, n’a pas fonctionné en Corée. C’est un vrai malheur et j’espère sincèrement qu’il sera diffusé en France car notre public saura, j’en suis sûre, l’apprécier.
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