Ce film est vigoureusement écrit par Frank Fenton, il doit donc plus à son solide scénario et à son trio de stars qu'à sa mise en scène ; en effet, Fenton fut le scénariste entre autres de John Ford, Henry Hathaway, Richard Thorpe ou Otto Preminger... c'est une sérieuse garantie de qualité.
John Farrow (qui avait épousé l'actrice Maureen O'Sullivan, dont il eut 2 filles Tisa et Mia Farrow) a filmé sans génie cette aventure mexicaine, en négligeant les séquences d'action, voire en les modérant, d'où le fait que le film n'eut pas le succès escompté à sa sortie. Il est certain que Farrow n'a pas su imprimer toute la force que réclamait le sujet de Fenton, préférant donner un côté esthétique aux cadrages léchés, et favoriser l'aspect romanesque, transformant à peine ce western en mélo sentimental ; le coup du brigand au grand coeur passant du côté des fermiers par amour a quelque chose d'un peu nunuche.
Mais attention, tout ceci est très relatif, certes le film est inégalement dynamique, mais il est sauvé par ses interprètes. Anthony Quinn compose encore une fois une prodigieuse figure de bandit mexicain, très pittoresque et brutasse, tandis que Robert Taylor incarne son bras droit, un personnage plus nuancé, un peu énigmatique, et à la limite on se demande ce qu'il fait parmi cette bande de Mexicains gueulards qui ne pensent qu'à piller et à se saouler. La relation entre José Esqueda incarné par Quinn et Rio incarné par Taylor, est d'ailleurs très intéressante sur le plan psychologique. Ava Gardner a le charme d'une belle ensorceleuse en étant la trop belle épouse d'un fermier qui est courtisée par Rio ; le reste de la distribution est complété par Howard Keel (le fermier), échappé de ses rôles chantants, et par de solides seconds rôles comme Ted de Corsia, Jack Elam, Kurt Kasznar...
Les 3 personnages principaux sont un peu trop conventionnels, mais ils sont interprétés par un trio de monstres sacrés, surtout Anthony Quinn dans un rôle puissant qui emporte tout sur son passage, rien que pour ça, le film vaut le coup d'être vu. Au final, Vaquero a le charme des westerns des années 50 qui à l'époque faisaient de Hollywood une usine à rêves, et saura séduire les amateurs de westerns.