Identité cachée

Veer-Zaara est un film typique du style Bollywood : amour mis à l’épreuve, chants et danses, couleurs chatoyantes. L’histoire prend place dans le contexte particulier des relations entre Inde et Pakistan, entre hindous et musulmans.

Shahrukh Khan, qui joue ici le rôle de Veer, est un abonné des personnages qui cachent leurs vraies identités. Ici, il est emprisonné comme espion sous un faux nom et il garde le silence sur sa véritable identité pour préserver le bonheur de Zaara. Et l’enjeu du procès est de faire reconnaître sa vraie identité. Son avocat Sammiya dit au juge : « je me battrai pour qu’il retrouve son identité ».
Dans Asoka, il voyage en prince incognito ; dans Main Hoon Na il est major dans l’armée et se fait passer pour un étudiant afin de protéger la vie d’une étudiante ; dans New-York Masala il cache qu’il est marié ainsi que sa maladie ; dans Om shanti om, il se réincarne et tente de faire la lumière sur sa vie précédente.

A la base de ce schéma répétitif d’identité cachée ou qui se cherche, il y a probablement une trame de légendes indiennes. Dans les contes, les légendes et les mythes, l’identité cachée est symbole du vrai moi qui a besoin d’être découvert ou révélé. Le voyage, le périple, les épreuves ont pour but de mettre au jour cette véritable identité, de la faire advenir à la conscience. Ce serait intéressant de trouver des récits à ce sujet dans la culture de l’Inde. Si quelqu’un a des éclairages en la matière, je suis preneuse !

Pour ce qui est de Veer-Zaara, il s’agit clairement d’une fable moderne. L’histoire est en partie peu plausible, tout particulièrement pour ce qui concerne le déroulement du procès. Cette fable parle du véritable amour et pour toutes les religions, le véritable amour a une origine divine. C’est bien ce qu’exprime Saamiya : en découvrant la force de cet amour qui a poussé Veer à endurer la prison pour Zaara durant 22 ans et Zaara à quitter son pays et sa famille pour réaliser le rêve de Veer, elle s’interroge : « sont-ils humains, ou des dieux déguisés ? » Cet amour véritable Veer l’exprime aussi lorsqu’il quitte Zaara pour la première fois : « je suis prêt à donner ma vie pour toi. » Ce qu’il fera effectivement en endurant la prison.

Je terminerai en disant que « fable » ne veut pas dire « irréel ». Les fables, comme les contes, les mythes, les paraboles sont des histoires qui permettent d’exprimer des réalités beaucoup mieux que ne pourrait le faire un discours rationnel. Le véritable amour existe. Il se vit sous la forme de l’amour dans un couple, mais aussi de la vie donnée au service des autres sous des formes multiples. Je suis sûre que chacun peut trouver de vrais exemples du véritable amour. Et c’est bien dans l’amour véritable que chacun peut accéder à son « vrai moi », sa véritable identité.