Je suppose que le nouveau défi, c'était de faire pire

L'histoire est connue, ce Vendredi 13 : Chapitre 7 - Un nouveau défi devait initialement opposer Jason Voorhees à Freddy Krueger, mais la Paramount et la New Line n'arrivant pas à s'entendre, cela fut repoussé jusqu'en 2003. Cela dit, la Paramount, elle y tenait à cette idée de cross-over, du coup, elle n'a rien trouvé de mieux que de mieux que de nous sortir une pseudo-Carrie pour cette sixième suite. Elle y tenait tellement que le titre original de The New Blood n'est pas dû au hasard, Tina devant revenir dans les suites, comme ç'avait pu être le cas avec Tommy Jarvis par le passé. Ç'a tellement bien marché que ce fut abandonné dès l'épisode suivant…

Même sans savoir ça, j'ai su très vite qu'il y a quelque chose qui puait dans ce film… dès l'intro en fait. Quel intérêt de nous faire un récap' de la saga sérieux ? C'est Vendredi 13 bordel ! Y a rien à comprendre ! Bon allez, on va se réconforter comme on peut en se disant que ça nous permettra d'entendre Walt Gorney, « Crazy » Ralph, une dernière fois, ce Friday the 13th, Part VII : The New Blood étant le tout dernier film de sa carrière. M'enfin, bon, ça reste toujours un peu con de perdre 5 minutes de film d'entrée de jeu, surtout quand ça dure déjà moins d'1h30.

Concernant le principal protagoniste de cet épisode, la pseudo-Carrie, Tina, rien de bien surprenant la concernant. Alors qu'elle habite près de Crystal Lake, elle tue son père (qui tape sa femme) par inadvertance à cause de ses pouvoirs, puis on la retrouve quelques années plus tard (10 ans si on s'en tient à l'âge du personnage, 20 si on s'en tient à l'âge de l'actrice), de retour à Crystal Lake, forcément, lui vient l'idée de vouloir ressusciter son père et patatras, c'est Jason qui ressuscité !… bon, là, il y a plein de points qui clochent ! Pourquoi habiter près de Crystal Lake ? Pourquoi Crystal Lake s'appelle de nouveau Crystal Lake ? Le nom avait changé dans le précédent film pourtant. Pourquoi son père n'a pas été repêché après l'accident ? Pourquoi personne n'a rien fait pour neutraliser Jason définitivement maintenant qu'il est sous l'eau ? Pourquoi Jason est mort au début du film alors qu'il était encore vivant à la fin du précédent film ? Des questions qui, vous l'avez deviné, n'auront pas leurs réponses avec le film dont il est question ici. Je précise, loin de moi l'idée de critiquer un Vendredi 13 pour ses incohérences, la saga en a toujours été cafi, elle le sera fort probablement encore dans le futur, et il ne s'agit pas des seules incohérences du film dont il est question ici. Par contre, j'aurais apprécié que le tout soit mieux emballé, mieux présenté. Là, j'ai surtout eu l'impression que les scénaristes, Daryl Haney et Manuel Fidello (le premier ayant été dégagé au profit du second), nous avaient tout balancé à la gueule, comme ça, pour se débarrasser du pitch initial le plus vite possible. Et puis bon, franchement, c'est quoi cette utilisation des pouvoirs surnaturels de Tina ? Ça fonctionne n'importe comment. Tantôt elle ressuscite les morts, tantôt elle peut voir ce qui vient de se passer, tantôt elle peut voir l'avenir, tantôt elle semble dotée de pouvoir de télékinésie… on dirait Malignant de James Wan (mais en moins pire faut pas déconner quand même) ! Mais le pire, je crois que c'est l'utilisation de ses pouvoirs de télékinésie, faut le voir pour y croire ! On dirait un brouillon pour Maman, j'ai raté l'avion, surtout à la fin, quand Tina se bat contre Jason en lui envoyant le mobilier à la figure ou en le faisant tomber dans les escaliers. Ridicule ! Franchement, si c'est pour avoir une version naze de la force présente dans les premiers Star Wars, ou faire moins bien que le premier Carrie, sortit pourtant 12 ans plus tôt, peut-être qu'il ne fallait pas faire du Carrie bis, tout simplement.

Jason s'en sort globalement mieux. Ne serait-ce que pour l'arrivée de Kane Hodder, qui possède la carrure parfaite pour l'incarner. Pas pour rien qu'il reviendra pour les trois films suivants. Aussi, Jason a droit à l'une des meilleures apparences de la saga, en état de décomposition bien avancée, tout en évoluant au cours du film, allant jusqu'à perdre son masque à la toute fin (pour l'anecdote, c'est dans ce film que Jason apparait le plus longtemps non masqué). Au niveau des meurtres, comment dire ? Disons que sur le papier c'est plutôt positif : des meurtres originaux, à coup de sac de couchage explosé contre un arbre (avec quelqu'un à l'intérieur bien entendu), exploitation d'une tondeuse pour pouvoir procéder à une césarienne sans anesthésie et traditionnel écrasement de crâne. Certes, certaines armes sortent un peu de nulle part, mais ce qui compte c'est le résultat. Et justement, en parlant de résultat… la censure a parlée. Elle a parlée beaucoup en fait, au point où ce septième volet est le film le plus censuré de la saga, ayant été renvoyé pas moins de neuf fois auprès de la MPAA afin d'éviter une classification « X », ce qui aurait interdit le film aux moins de 17 ans. Le problème du coup… bah c'est qu'on voit rien ! Le film a tellement été charcuté à ce niveau-là qu'il faut se tenir prêt si on veut voir la moindre goutte de sang. Dommage, certains des précédents films arrivaient quand même à nous proposer des meurtres sympathiques malgré la censure. Encore plus dommage, la Paramount ayant détruit toutes les prises, on peut toujours se brosser si on veut voir une version du film avec les scènes originales, ne restant plus que les extraits de copies pirates de qualité très discutable… jugez plutôt.

Reste tout de même quelques qualités dans cet océan de désolation. Notamment ce plan avec Jason caché dans l'ombre alors que l'une de ses futures victimes est partie pour aller chercher quelque chose dans le frigo. Et c'est à peu près tout niveau mise en scène, il y a bien une idée de plan-séquence à un moment, ou même ce plan dans lequel Tina fait tout trembler autour d'elle, alors qu'elle se trouve avec le sosie de Clark Kent dans le bureau du psy, avec cette caméra plongeante progressant vers elle… mais dans les deux cas, ça coupe trop rapidement. Ça s'arrête à l'idée de base. Outre la mise en scène, il y a cette idée de vouloir faire en sorte que la peur change de camp : Jason devenant de plus en plus la cible, jusqu'en finir en feu à la toute fin (et ç'a été fait sans trucage en plus). Question effets pratiques, si certains se révèlent moches, comme les têtes découpées qui sonnent très faux, le moment où Tina explose le masque de Jason est réussi, en plus de se montrer plutôt dégueulasse (quitte à ne pas avoir de gore, ça fera toujours ça), idem concernant la toiture de la maison qui s'écroule sur Jason, ça fonctionne. On notera enfin que le plan dans lequel le père ressuscité sauve sa fille à la toute fin est un hommage au dernier plan du premier film.

Bref, un septième volet qui n'arrive pas à exploiter son concept et dans lequel on s'emmerde quand même vachement. Sans aucun doute dans mon flop 3 des 7 premiers films de la saga. Le long-métrage étant sorti la même année qu'Halloween 4 et Le Cauchemar de Freddy, il ne fait aucun doute que ce Vendredi 13 se positionne derrière les deux autres slashers (Freddy caracolant en tête pour des raisons évidentes). Par contre, il y a un truc que je ne comprends pas. J'ai cherché pourtant ! J'y ai passé des heures et des heures ! Lutté contre vents et marées ! Mais rien ! Je cherche encore ! Ce truc, c'est… pourquoi il y a une des victimes qui a des écussons La Vache qui Rit brodés sur son t-shirt ?!