Premier film de l'acteur B.J.Novack, Vengeance rejoint les propositions hors normes de Blumhouse house productions, pour un instantané de l'Amérique et de ses travers, dont on se souvient du décalé et jubilatoire The hunt, de Craig Zobel, nettement plus revanchard. Exit le gore pour s'armer d'un humour légèrement noir, pince sans rire, appuyé par le physique flottant de Novak. Vengeance suit Ben un journaliste en manque de reconnaissance, qui de la ville et de son monde de la nuit, se verra embringué sous le soleil Texan à la recherche du meurtrier d'une conquête oubliée. Un départ synonyme de grande inquiétude à visiter une partie des US bien peu recommandable et aux intérêts limités pour celui qui passent ses soirées à tchater sur les réseaux sociaux.

Vengeance reste dans l'idée de lutte des classes, en plus soft, avec un focus sur la responsabilité globale d'une société où rien ne bouge, sur la manipulation des médias, de notre goût aux true-crime et de l'inintérêt pour les victimes.

Une intrigue qui s'immisce lentement dans une réflexion plutôt ludique par le ton donné mais qui n'en garde pas moins un constat dramatique. D'une introduction bon enfant c'est ensuite un aspect plus délétère où les jeunes ne trouvent pas d'échappatoire, où les morts par overdose sont le lot quotidien et où la police se renvoie la balle. Des flics bas du front, adeptes des réparties vaseuses, qui nous feront penser, de loin, aux portraits de ceux des frères Cohen mais qui suit la ligne décalée de Novack, affirmant ainsi leur inutilité, où chacun regarde à côté pendant que d'autres se racontent des histoires pour mieux supporter l'adversité.

Quant à Ben toujours à 100%. comme nous le rappelle sa tirade régulière assénée tel un mantra, cherchera dans une réalité de banal fait-divers, les bons mots saupoudrés de réflexions éthiques, pour en faire son podcast de l'année.

Une ballade où le verbe et le dialogue de sourd participent aux confrontations pour remiser les préjugés, où l'on confond aisément le manque d'éducation avec la bêtise. Clichés et touches d'humour viennent appuyer l'idée pour mieux la détourner.

Les théories d'un découvreur de talent vient conforter l'idée du poids des mots et des vues de l'esprit. Ashton Kutcher tout vêtu de clinquant pour l'imagerie Country, est excellent. Une sorte de philosophe qui use des mots par effet rebond, qui surprendra Ben à vérifier que les rednecks du coin ont peut-être aussi un cerveau. S'ajoutent une famille dans le déni aux réparties bien senties et un frère aux sentiments exacerbés (Boyd Holbrook) qui vient enfoncer le clou pour amener Ben à ses responsabilités présumées. L'occasion pour Ben à s'ouvrir aux autres et à revoir ses priorités.

Un premier film qui se suit avec plaisir aux jeux d'acteurs tous parfaits même si on aurait aimé plus de puissance de frappe dans le portrait et dans une mise en scène au schéma narratif attendu. Si les armes resteront dans l'imaginaire collectif pour brosser une famille soudée, armée de sa seule bienveillance, le final, en réponse au titre du film, pourra faire tâche au détriment d'une résolution et d'un constat plus réalistes.

limma
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le 5 sept. 2022

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