Quand débute ce "Vengeance", expérimentation à haut risque de notre cher Johnnie To d'injecter des éléments occidentaux dans son système si formidablement clos et chinois, on craint le pire : n'ayons pas peur de le dire, Johnny Hallyday est absolument ridicule, et chaque mot qu'il prononce donne envie de fuir la salle… Heureusement, son rôle étant largement muet, on peut se concentrer sur le scénario simple mais brillant de To, sans parler de ses idées, toujours aussi merveilleuses, de mise en scène (je pense au gunfight au milieu des ballots de papier, ou encore à la géniale trouvaille des stickers permettant à l'amnésique d'identifier sa cible…). Oui, en dépit de ce handicap de l'incompétence de son acteur principal, que To réussit à retourner en faisant le sujet de son film, "Vengeance" est rempli de moments sublimes, qui voient To infuser sournoisement un doute métaphysique au sein de la mécanique traditionnelle du polar, et la pousser vers un profond sentiment d'absurdité. [Critique écrite en 2009]