Maximum Carnage
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le 10 oct. 2018
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On avait déjà vu Venom dans Spiderman 3. C'était vachement sympa, dans le genre boum boum on t'en met plein la vue, j'avais beaucoup aimé à l'époque, et c'est pas maintenant que je vais cracher dans la soupe.
Cela dit, je me souviens quand même avoir regretté que le jeu d'acteur de Tobey Maguire en Peter Parker soit vraiment trop limité pour faire ressortir le « vrai » Venom. Et ne parlons pas de Topher Grace en Eddie Brock, je préfère l'oublier. Le costume de Venom était visiblement trop grand pour ces deux acteurs réunis.
Alors, quand on a commencé à parler de Tom Hardy pour prendre le relais du symbiote et tenir un Eddie Brock qui n'aurait aucun lien avec Spiderman (ou plutôt qui serait un reflet sombre de Spiderman), je me suis dit qu'il y avait peut-être un truc à creuser.
Car, autant dire les choses franchement, entre Tobey et Tom, y a pas photo (désolé Tobey).
On a d'un côté un ado qui fait des photos mal cadrées et a peur de son boss, et de l'autre un journaliste d'investigation qui n'hésite pas à mettre son job en péril pour aller au bout d'une enquête. Le 1er prend le métro, est habillé par sa tante et aimerait bien sortir avec la fille d'un policier à la retraite, le 2nd roule en moto, porte du cuir et couche avec une avocate. Le truc bizarre c'est que le 1er incarne la figure de la réussite dans les années 50, le 2nd représente la lose dans les années 80, mais c'est comme ça.
Bien sûr, toute cette tambouille est joyeusement transposée dans les US des années 2010, en conservant les détails qui fondent l'identité des personnages, ou du moins ceux qui nous arrangent. Exit donc le côté brute haltérophile de Brock, qui devient dans ce dernier Venom une sorte d'Elise Lucet au masculin, en plus précaire avec moins de rigueur journalistique, mais quand même.
Exit aussi la dépression et le cancer, Tom Hardy sera donc un Eddie Brock beaucoup plus positif que sa version comic book, ce n'est plus l'ennemi de Spiderman mais un anti-Spiderman, une version alternative du tisseur, ce qui lui serait arrivé si les choses s'étaient passées autrement.
Le jeu des reflets ne s'arrête pas là. Si Venom n'est plus le Super-vilain mais le Super-héros, qui sera son antagoniste ? C'est là qu'apparaît une espèce d'anti-Tony Stark, j'ai nommé Carlton Drake. Il est aussi beau, aussi riche et c'est aussi un ingénieur visionnaire, mais les ressemblances s'arrêtent là car Carlton Drake est vraiment méchant, pas de rédemption possible pour lui.
Et Venom dans tout ça ? Franchement pour moi, c'est une réussite : la voix, l'aspect, la relation avec Eddie Brock, tout m'a plu. Seul bémol, je trouve qu'il arrive un peu trop rapidement à un terrain d'entente avec Eddie Brock. Pas de réel conflit entre les deux personnages, cela tourne un peu vite au buddy movie avec un seul corps. L'idée du film, contrairement à ce qui se passait dans Spiderman 3, est qu'on n'a pas une personnalité qui prend le dessus. Au contraire, chacun se voit transformé par son rapport à l'autre, Eddie devient moins lâche et résigné, Venom devient moins sauvage et égoïste. C'est un peu une relation à la Banner/Hulk à laquelle on assiste. On pourrait presque penser à une pub pour le transhumanisme avec des symbiotes. La scène post-générique apporte une promesse de suite assez prévisible à l'histoire, qui peut donner lieu à quelque chose de vraiment bien si c'est correctement réalisé, j'ai hâte de voir ce que le duo Hardy/Harrelson peut donner.
Bon, la grande question qui reste est "ça aurait pu être mieux, oui ou non ?". Oui bien sûr, le scénario de ce premier épisode ne laisse pas vraiment penser qu'on est face à un équivalent de Batman begins pour Venom. Qui sait cependant s'il ne s'agit pas d'une bonne introduction à un Venom 2 qui aurait des allures de Dark Knight ? Il y a assez de richesses dans le Spiderverse pour que Sony puisse faire quelque chose de vraiment intéressant en utilisant les adversaires de Spiderman. Je n'ose espérer un épisode où Venom et Toxin seraient opposés aux Sinistres 6, mais on peut toujours rêver, non ?
Créée
le 14 oct. 2018
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