Vénus beauté (Institut) est un film qui va chercher derrière les sourires et les masques de beauté la détresse affective d’une femme, de celle qui disparaît comme par magie derrière un bus alors qu’elle sortait de son lieu de travail, de celle qui mange dans un self afin de faire la connaissance d’hommes attablés soucieux de l’écouter, de celle qui essaie de renouer le contact avec un homme qu’elle a aimé jadis mais qui porte au visage les séquelles de cette relation.


Le long métrage de Tonie Marshall fait évoluer le personnage d’Angèle dans des lieux de passage : la terrasse d’un café, le self, le salon de beauté, le bus, le bar où Antoine s’entretient avec elle ; il y a la perspective de la chambre d’hôtel où faire l’amour, non plutôt le siège arrière de la voiture ; il y a ce quai de gare le long duquel elle marche seule, en contresens des voyageurs qui affluent. Ces lieux de passage condamnent Angèle à passer, à traverser la vie des hommes sans jamais la marquer, de la même manière qu’elle voit défiler des corps porteurs d’histoires qu’elle écoute, commente de façon détachée et oublie aussitôt. Les mots vont et viennent, les langues se dénouent et les vérités se dénudent, telle cette cliente qui exhibe son intimité au grand jour dans le salon. Angèle est là pour entendre les histoires, mais personne n’est là pour recevoir les siennes. Une rencontre va changer la donne. Celle d’un amoureux transi, d’un passionné qui ne comprend pas ce qu’il lui arrive : voici venir Antoine, maladroit, musclé, bientôt rasé. Ce qu’il représente – une stabilité affective intégrale – effraie Angèle avant de la décider à goûter à son tour au bonheur, coûte que coûte.


Vénus beauté (Institut) brosse de beaux portraits de féminités différentes qui, chacune à leur manière, affirment une force qui n’est jamais acquise d’emblée, mais qui se conquiert et se rejoue à chaque rencontre. Le film donne également à voir et à vivre l’épreuve de la solitude et le vertige qui prend lorsqu’on s’empresse de la combler à tout prix. Derrière l’artificialité du milieu investi, une réflexion adulte et amère sur la condition féminine contemporaine.

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le 17 mars 2020

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