Avec "Verónica", le co-créateur de saga "REC" s'attaque (assez librement sur les faits) à la fameuse affaire Vallecas transformée ici en "Verónica" aka la première fois que la police espagnole a reconnu officiellement dans un rapport la présence de phénomènes surnaturels inexplicables lors d'une enquête au début des années 90.
Le principal souci de "Verónica" est d'arriver avec une bonne dizaine d'années de retard (voire plus).
Formellement, il n'y a pas grand chose à dire, le film tient on ne peut plus la route avec certains plans magnifiques renvoyant à une certaine époque bénie de l'épouvante, impression appuyée par l'excellente bande originale rétro. Même au niveau des manifestations surnaturelles, quelques-unes parviendront à surprendre les plus aguerris du genre (parmi d'autres beaucoup plus banales). De plus, le style ibérique de "Verónica" l'ancre bien plus dans la réalité que la majorité des productions US avec le quotidien de cette adolescente obligée de s'occuper de ses soeurs et de son frère à cause d'une mère trop souvent absente, cette qualité est évidemment renforcée par l'aspect "histoire vraie" de l'ensemble. Enfin, l'interprétation n'est pas en reste en apportant une bonne dose de crédibilité à cette histoire avec la révélation Sandra Escacena dans le rôle principal.
Seulement, on connaît hélas quasiment tout de cette histoire avant même de la découvrir. Séance de spiritisme avec une planche Ouija, esprit qui a apprécié qu'on le sonne et qui n'a pas dans l'idée de partir, manifestations de plus en plus oppressantes, silhouette louche à tous les coins de portes avec le sale projet de posséder quelqu'un à un moment ou à un autre... "Verónica" déroule tous les poncifs du genre avec, parfois, une certaine habilité, il est vrai, mais pas à une dose suffisante pour arriver à les transcender. Le discours métaphorique qui semble un moment se développer autour du parallèle du passage de l'enfant à la femme avec l'arrivée de ce démon nous fait miroiter une direction plus intéressante mais celui-ci disparaît complètement en cours de route...
Bien trop de films auparavant ont déjà emprunté les mêmes sentiers pour que "Verónica" puisse créer la moindre surprise. Il en résulte ainsi un long-métrage qu'on n'a pas vraiment envie de détester, on ne s'y ennuie pas trop après tout, mais qu'on aura assez vite effacé de nos mémoires.
Dommage... En tout cas, si Paco Plaza dispose d'une machine temporelle pour retourner au début des années 2000, c'est à cette époque qu'il doit aller sortir son film, nul doute qu'on l'aurait alors encensé. Aujourd'hui, il n'est juste qu'un produit banal mieux emballé que la moyenne.