Ce n'est sans doute pas le film le plus inspiré de sa carrière, mais on ne peut s'empêcher de prendre du plaisir devant la nouvelle proposition cannoise du signore Moretti tant la quintessence de son cinéma est ici reanchantee par une mise en abime malicieuse du cinéma d'auteur transalpin.
Qu'il s'agisse de son engagement politique comme artistique, il prend le prétexte d'un hommage satirique aux valeurs communistes pour mieux interroger son rapport aux évolutions autant sociétales que technologiques. In fine son personnage Fellinien de bougon dépassé par les évènements lui permet de dénoncer la tournure de plus en plus commerciale de la création cinématographique, tout en se moquant allègrement de sa propre intransigeance intellectuelle.
Le premier tiers du film est vaguement amusant mais finit doucement mais sûrement par lasser à force de s'auto référencer et citer tout ce que son panthéon personnel compte de figures demiurgiques. C'est au mitan que l'ampleur romanesque laisse affleurer ses premières effluves mélancoliques, permettant ainsi à l'œuvre de prendre une dimension tragi-comique plus conforme au savoir-faire du maître. La séquence finale est en ce sens une parenthèse enchantée qui laisse à penser que l'avenir Morettien est aussi radieux que son titre le laisse supposer.