Bonjour.
Attention, film sérieux.
Un des derniers metteurs en scène italiens de la grande vague fin 20ème siècle veut ranimer la flamme du cinéma. De ce que sa génération, y compris en France, appelle "cinéma", celui des salles obscures, publiques, où défilent des images d'auteurs qui veulent montrer la vie et si possible donner espoir.
Sur une trame historique du communisme italien, "Vers un avenir radieux" calque l'affrontement du cinéma italien d'hier et du cinéma international d'un 21ème siècle qui ne rêve plus. Un cinéma de la vie et du rêve fellinien assumés contre un cinéma de la mort et d'un cauchemar de violence accepté et subi.
C'est ce qui se dessine dans ce tissage mélodramatique entre réalité d'Histoire, réalité intime et réalité scénaristique, entre l'hier et l'aujourd'hui, entre le désir d'un avenir radieux et l'obsession d'une violence encore et toujours sur nos écrans, mais aussi à nos portes, dans nos rues, nos écoles, et jusque dans nos foyers déglingués, parfois recomposés.
Fidèle à une cohérence de ce qu'il vit et dit, Nanni Moretti refuse que le cinéma se réduise à la violence gratuite et affichée, jusqu'à intervenir sur le tournage d'un jeune loup de la série TV, et jusqu'à supprimer la pendaison dans son propre scénario, comme hors propos, et comme il intime à ses acteurs de ne pas dire leur texte, mais de le jouer physiquement et même sans texte, et concentré sur le sujet (ne pas mêler le bécottage au politique, ni friser de la dentelle sur le scénario), ce qui ramène aux racines mêmes d'un cinéma muet qu'un Chaplin savait si bien faire parler.
Un film précieux pour sa belle leçon de cinéma, mais aussi d'éthique, d'un cinéaste qui veut parler aux spectateurs, à ses semblables, faire irruption dans et contre le spectacle catastrophe, pour ne pas faire en série du cinéma quick-burger international à emporter par tout public internet.
Probablement un des derniers auteurs européens en mesure de pousser ce coup de gueule dans ce qui se veut moins comédie sérieuse que tragédie comique. Une voix bien solitaire dans la cacophonie hollywoodienne devenue notre pâtée quotidienne.